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The Temple Of Whiskers

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THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Birdman ou la surprenante vertue de l'ignorance, la critique

Publié par Hunter Arrow sur 21 Avril 2015, 14:59pm

Catégories : #Sorties Ciné

Un film de Alejandro Gonzàlez Iñarritu avec Michael Keaton, Emma Stone, Naomie Watts, Edward Norton, Zack Galifianakis, Andrea Riseborough, Lindsay Duncan.

 

Oui cette critique intervient très tardivement pour plusieurs raisons : la première, le film a lui même été projeté tardivement par chez moi. L'autre raison étant qu'un emploi du temps personnel très chargé m'a empêché de me mettre plus tôt sur cette critique. Mais il me fallait quand même prendre le temps pour rédiger cet article afin de rendre le digne hommage à ce qui fût ni plus ni moins ma première grosse claque cinématographique de l'année 2015.

Pourtant à la base ce n'était point une bataille remportée d'avance pour le long métrage de Alejandro Gonzàlez Iñarritu. Déjà parce que la filmographie du bonhomme m'en a toujours touché une sans bouger l'autre. J'ai relativement apprécié Babel sans non plus être marqué par celui ci. 21 Grammes, j'ai pas aimé et je n'ai jamais cherché à voir plus de films du garçon... Oui vous avez le droit de me lancer des pierres. L'autre point qui suscitait ma méfiance à l'encontre de ce Birdman c'est que, tout comme le fut mon confrère Yoyo avec Mommy, j'étais suspicieux quant au relatif consensus fait autour de cette oeuvre. Qu'il en soit des Oscars, des critiques, des spectateurs, de Joe Le Clodo, de ma boulangère mal fagotée, tout le monde s'accordait pour saluer la maestria technique que représentait ce film avec sa mise en scène tout en "faux" plan séquence...Et la plupart étaient tout aussi séduits par la critique acerbe formulée contre le système hollywoodien actuel apparemment très présente ici.

Et là vienne mes deux craintes, la première portant sur la mise en scène : est ce que cette dernière est réellement là pour porter et soutenir le propos où n'est ce qu'un tour de force technique agissant en diversion sur l'attention du spectateur et ne livrant que de la poudre aux yeux dans le pire des cas et dans le meilleur, un simple artifice un peu vain. Qui plus est le plan séquence peut avoir aussi ses désavantages en terme de construction rythmique mais cela j'y reviendrai plus tard. L'autre point de méfiance était quant à son propos : était il vraiment pertinent ou se contentait il d'enfoncer des portes déjà grandes ouvertes sur le système Hollywoodien ?

Birdman ou la surprenante vertue de l'ignorance, la critique
Birdman ou la surprenante vertue de l'ignorance, la critique

Mais ce n'est que face au film que l'on peut juger celui-ci finalement et je dois reconnaitre que très vite, Birdman est parvenu à apaiser mes craintes, le film de Iñarritu faisant preuve d'une intelligence remarquable dans sa construction et par là même d'une grande pertinence dans ses choix artistiques, ces choix étant eux même portés par une maitrise totale... En bref et en clair, ça démonte sévère.

Tout ici semble être au diapason afin de créer le film le plus presque parfait qui soit possible de réaliser. Je sais vu comme ça je semble dithyrambique, mais je dois reconnaitre qu'il m'est difficile d'en être autrement quand après deux heures je me rend compte que je viens de me prendre une claque monumentale, voir une leçon de cinéma et pas que sur le plan technique.

Bien sur la maitrise indéniable de cette dernière joue beaucoup mais plus encore que ce fait, c'est l'intelligence de l'utilisation du plan séquence qui à mon sens mérite nombreuses et fastueuses louanges. En effet l'idée principale de Birdman c'est cette annihilation des frontières qu'il peut y avoir entre la réalité, le cinéma, l'imaginaire, le théâtre... Ainsi ces différentes "dimensions" s'enchainent sans jamais être préalablement marquées par un gimmick visuel. Bien sur lorsque l'on voit Keaton user de télékinésie, on comprend que nous sommes dans son imaginaire, mais ce qui est génial là dedans ce sont les retours à la "réalité" du film. Tout cette suppression des frontières entre les médias participent à cette impression latente d'un chaos continuel, ce qui reflète plutôt bien les méandres de l'esprit du personnage principal.

Mais Iñarritu ne se contente pas d'aller dans tout les sens et ainsi ce chaos, bien qu'il soit continuellement présent, ne vire pas non plus au bordel ambiant qui se contenterait d'aller partout pour arriver nul part. Tels un bon batteur, il gère à merveille son tempo, ne sombrant pas dans une cacophonie inaudible. Et là j'en reviens au plan séquence. En effet ce qui est assez difficile avec cet exercice, en plus des contraintes techniques qu'il impose, c'est aussi sa manière d'influer sur le rythme d'un long métrage. Prenez l'exemple d'Elephant de Gus Van Sant... Ce film est chiant. Alors attention ce n'est pas une critique et je sais qu'il y a une intention derrière cet ennui. Mais les faits sont là, le film est globalement chiant, la faute à ses nombreux plans séquences montrant des élèves traversant des couloirs. Et rien que dans ces scènes on comprend tout de suite mon propos. En effet si ce procédé a pour avantage de nous rapprocher du personnage que l'on suit en nous imposant la même "temporalité" que celle qu'il subi, et bien il nous impose aussi cette temporalité. Ainsi quand un personnage s'emmerde à marcher dans des couloirs, on s'emmerde avec lui. L'alternative à cela est "simple" et nous est données dans les Fils de l'Homme : en mettre le plus possible à l'écran et nous plonger dans une situation d'urgence. Encore une fois l'efficacité est indéniable sauf que tenir sur un tels rythme pendant deux heures... ce serait à la limite de l'ingérable aussi bien techniquement que pour le spectateur. Et là vient le génie de Birdman qui nous prouve qu'avec un montage habile où l'on mêle des moments incisifs avec d'autres plus posés, le tout associé à des ellipses temporelles particulièrement bien pensées; et bien on peut aboutir à un juste dosage dans la construction rythmique d'un film avec ce type de procédé de réalisation.

Maintenant un mot sur les acteurs, qui sont à mon sens l'autre grand point fort de ce long métrage. Ils sont tous sans exception aucune, parfaits. Michael Keaton est évidemment la grande "attraction" de l'ensemble et c'est lui qui porte principalement le film. Il faut dire que son choix parait être l'évidence même, lui qui interpréta Batman dans les années 80/90 avant de quasiment disparaitre... On en revient avec cette idée de film brouillant les frontières entre réalité et cinéma grâce à ce rapport quasi méta. Mais il ne faut pas non plus oublier le boulot des autres interprètes. Edward Norton incarne le rôle de l'acteur Mike Sheaner et son personnage est à lui seul le parfait exemple des qualités d'écriture de ce Birdman. En effet, Sheaner représente l'exact opposé de ce qu'est Riggan Thomson et je vous laisse découvrir comment. On saluera Zach Galifianakis qui enfin nous sort de son rôle d'ingénu bedonnant, barbu, loufoque et enfantin qui lui collait à la peau depuis Very Bad Trip. Bordel que ça fait du bien de voir cet acteur dévoiler une autre facette et il faut reconnaitre qu'il est très bon. Et enfin... Emma Stone. Si quelqu'un a son 06, je vous prie de me le donner tant je pense être devenu amoureux de cette actrice. Elle est aussi superbe que talentueuse, faisant preuve d'une implication totale dans ses rôles... C'est bien la première fois que je suis envieux d'un mec qui porte le nom d'un chat obèse... Ah et il y a aussi Naomi Watts qui comme à chaque fois offre une prestation électrisante.

"Hâte de voir ce que ce génial Hunter peut dire sur moi..."

Mais ce qui marque le plus avec ce casting c'est que chacun interprète un personnage faisant écho aux propos du film sans que jamais cela ne paraisse forcé. Un propos où certains peuvent émettre quelques réserves, en particulier dans sa critique des milieux artistiques et estimer que finalement Iñarritu fait son Captain Constat, soulignant des évidences bien connues sur ce milieu. Et là je leur donnerai partiellement raison tout en précisant une chose : si il se contente de relever des constats, il n'en demeure pas moins que ces derniers sont assez pertinents et intéressants et qu'en faisant cela au moins on peut offrir au spectateur le droit de réfléchir sur ce qu'il voit. Car finalement Birdman n'impose pas une réflexion qui lui soit propre, puisque l'on peut distancier le propos en partant du principe que celui ci est avant tout tenu par le personnage misanthrope et aigri de Riggan Thomson. Et c'est autant sa principale force que sa principale faiblesse. Certains reprocheront au film de sombrer dans les lieux communs de la critique facile, quand d'autres salueront l'idée que ces critiques renforcent notre compréhension de la psychologie du personnage principal. Personnellement, je me place dans le second camp.

Donc pour conclure, je vous dirais simplement que Birdman est clairement de ces films qu'il faut voir cette année... En étirant au maximum les dimensions de son cadre au point d'en briser les rebords, il révèle toute la dimension tragi-comique de personnages n'étant finalement que les figures pathétiques d'une farce qui s'ignore... mais pour le coup il implique aussi les spectateurs dans cette idée. Il est clair que Birdman ou la surprenante vertu de l'ignorance mérite ses nombreux prix remportés (et aurait dû remporter celui du meilleur montage). Parfait compromis entre un cinéma d'auteur cessant de contempler son nombril et un cinéma grand public cessant de prendre celui ci pour une masse décérébrée; Birdman permet au cinéma de s'exprimer sous son jour le plus flatteur et bordel que ça fait du bien !!!

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C
Pour moi pas un coup de coeur, trop souvent au bord de l'ennui (et cette batterie en bande son!!). Cependant, je reconnais bien volontiers la virtuosité technique du film, le jeu - excellent - des acteurs. Mais je trouve le fond du propos léger, voir carrément cliché par moments. Pourtant j'adore Inarritu!
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Y
Alors, pour une fois, je ne suis pas d'accord, mais alors pas du tout d'accord avec ton appréciation, mais je pense que c'est surtout une question de ressenti. J'ai plutôt aimé ce Birdman, mais je l'ai trouvé extrêmement surestimé. Pour les points positifs, évidemment la maîtrise technique. Ca aurait pu être tape-à-l'oeil, mais finalement ça sert tout à fait le propos, car on passe sans transition de la réalité à la scène, et inversement. Et puis, il y a aussi une volonté de spectacle que la mise en scène sert très bien.<br /> <br /> Après, mes réserves portent sur les personnages, qui se regardent tous le nombril pendant 120 minutes, ce qui m'a laissé totalement hors du film. Même Riggan Thompson passe son temps à rêver d'un retour à la gloire et fustige tous ceux qui l'empêchent d'accéder à ce come-back, alors qu'il n'a visiblement pas un grand talent de dramaturge (cette question de son talent, il ne se la pose jamais). Deuxio, le film se vautre complètement dans cette déprime ambiante. Même quand l'acteur prend son envol, il y a comme un ricanement derrière la caméra. <br /> <br /> Et puis, tu le dis, et je confirme : ce film est le champion du capitaine constat. Et pour moi, ça ne sert en rien à la psychologie du personnage. Pour moi, ça sert à brouiller le vide du film pour qu'au bout du compte, le spectateur ait l'impression d'avoir vu quelque chose (une satire sur Hollywood, une réflexion sur la condition humaine), alors que ça a littéralement tourné en rond de la première à la dernière scène. Je pense que Birdman aurait été meilleur si Iñarritu s'était concentré sur le but premier de son film : faire du spectacle. Parce que c'est ce que le film a de mieux à offrir : des tambours, du rythme et des mouvements de caméra (et dans ma bouche, ça n'est pas péjoratif). <br /> <br /> Au lieu de ça, on revisite la psychologie pour les nuls histoire de gonfler un bon film de divertissement et en faire une oeuvre d'oooooteur. Donc, au final, pas désagréable, parce qu'il y a le potentiel spectaculaire tout à fait exploité, mais je suis resté complètement hors des personnages et des enjeux.
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H
Dernier point (car oui désolé ce message que j'ai écris après l'autre va apparaitre avant, ça va être l'embrouille) sur l'impression de déprime où tu considère que le film se vautre. Je pense que c'est surtout une question de parti pris encore une fois. Ici Iñarritu a choisi de filmer ses personnages davantage comme étant des acteurs pensant jouer dans une tragédie alors qu'ils sont en fait dans une farce... et à ce titre je trouve que c'est extrêmement bien rendu. Ainsi il ne fait que renforcer la dimension pathétique de leurs aspirations et pour le coup on en revient au titre "la surprenante vertu de l'ignorance". L'ignorance pouvant autant signifier la non érudition que celle de faire fis des critiques et avis d'autrui... Et ça je trouve ça encore une fois génial.
H
Comme tu le dis les personnages sont eux mêmes nombrilistes mais n'est ce pas notre lot à tous ? De plus le film a conscience de cette réalité comme en témoigne la scène où le personnage de Emma Stone engueule son père copieusement lui disant que tous le monde veut être important et que ses désirs ne sont pas plus "légitimes" que ceux du reste de la "masse" qu'il méprise inconsciemment... Et j'ai trouvé ça bien vu. Sans ce passage nul doute que j'aurais eu la même impression que toi, mais rien que l'existence de ce dialogue nous fait comprendre que le film a conscience de l'aspect grandement pathétique des considérations de ses personnages ainsi que de leur futilité. <br /> <br /> Quant au propos Captain Constat, celui ci est vite contrebalancé par le fait que finalement tout ça vient de la tête de Riggan Thomson qui comme je l'ai dis est un personnage aigri. Donc oui il soulève des constats évidents et je pense comme toi que la dimension caustique du film a été extrêmement surestimée... Mais en même temps les constats sont assez pertinents et on peut avoir des preuves de ces derniers assez régulièrement, suffit de lire des critiques presses ou spectateur, regarder le paysage cinématographique actuel.<br /> <br /> Et c'est en ça que je considère que ce film est assez brillant : il part du point de vue de personnage uniquement centrées sur eux mêmes, comme nous le sommes tous, pour au final offrir quelque chose qui peut parler à un grand nombre enfin pour peu que nous soyons réceptif au message. Je ne pense pas que Riggan Thomson soit la seule personne dont l'impression d'un manque de reconnaissance par autrui le détruit à petit feu.

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