A la recherche du scénar puissant - 2

Vous l'attendiez, petits coquins !! Non en fait vous ne l'attendiez pas du tout mais qu'est-ce que ça peut faire ? Je vous livre le deuxième épisode des scénars qui ont de la tête (comme dirait mon grand-père). La fois dernière, je vous ai fait découvrir les "flots d'émotion". Aujourd'hui, découvrez un tout autre type de scénario !


II : Le scénario "pinceau"
   
Yoyo114 est humaniste, oui car yoyo n'est pas du genre à laisser son lecteur à l'abandon. Il fait des phrases claires et intelligibles. Et surtout, il guide son lecteur en lui expliquant bien ou on va, quand on va, et pourquoi on va.

Yoyo114 se pose donc la question : est-ce qu'un lecteur lambda (à savoir un kikoo décérébré xénophobe) arrivera à comprendre de lui-même ce que peut-être un "scénario pinceau" ? Et franchement, ça m'étonnerait. Je vais donc vous éclairer tel un phare qui guide les marins égarés entre les lames gigantesques et les bancs de rochers dévastateurs. Car oui, yoyo est poète. Yoyo est vu comme un narcissique mais yoyo s'en moque. Comme disait tupide, pourquoi se forcer à être modeste quand on est un immense génie ? Enfin bref, yoyo va vous guider, vous, mes petits moutons à l'esprit grégaire.

Un "scénario pinceau", c'est une histoire qui ressemble un peu à une chronique. Ce sont des histoires très sobres, assez proche d'une vie quotidienne réaliste, avec les petits problèmes de chacun. Il n'y a pas de scènes déchirantes, pas d'effets outranciers, il y a vraiment un but de sobriété. Et puis, au fur et à mesure que l'histoire se déroule, le scénariste apporte quelques petites émotions quand même. J'appelle ça un "scénario pinceau", parce que le scénario constitue une sorte de tableau très sobre, auquel on ajoute quelques petites touches d'émotions délicates, par ci par là. On ressort du film sans avoir pleuré, sans avoir ri aux larmes, mais avec un attachement pour le film et pour les héros.
  
Quels films type avons-nous dans cette catégorie. Le premier qui me vient à l'esprit est Little Miss Sunshine. L'histoire d'une famille en décomposition, dont chaque membre a ses petits problèmes, à commencer par l'oncle suicidaire, très bien interprété par Steve Carrell. Le scénario tire sa drôlerie de sa fantastique galerie de personnages.

Fille enveloppée passionnée de concours de beauté + père qui espère publier ses méthodes pour être un "gagnant" + mère en crise de nerfs + fils en plein voeu de silence fan de Nietzsche et d'aviation + oncle suicidaire spécialiste de Proust + grand-père(vers) très accro aux magazines "hot"  = LOL + BOUM.

Mais le scénario ne s'arrête pas à cette situation figée. Il se trouve qu'Olive, la fille de la famille Hoover, est sélectionnée pour le concours Little Miss Sunshine, qui se déroule en Californie. Toute la famille va donc voyager dans un vieux break Volkswagen pour se rendre in California. Pendant ce voyage, les personnages, confinés, vont enfin éclater. Ils vont se balancer des vacheries, parler, commencer à se comprendre. Et surtout, toute la famille va se ressouder à travers le projet incroyable de la petite Olive. C'est ainsi que, malgré un ton très léger, de petites touches dramatiques vont s'ajouter au scénario. Les personnages vont vivre des moments difficiles, et les petites marionnettes du début vont se transformer en personnages profonds, très attachants.

fils déçu + Richard déçu + Grand-père tendre + Evènement tragique + feu d'artifice final = émotion.

Cette affiche résume bien l'idée générale du film. La famille est d'abord éclatée, avec chacun ses (gros) problèmes, puis se reconstruit autour de ce voyage impromptu et très rocambolesque. Cette reconstruction, implicite, nous émeut, d'autant qu'elle est très lente et très délicate. Et elle sonne vrai.

On retrouve dans Little Miss Sunshine des éléments nécessaires pour que le scénario pinceau fonctionne.

Musique douce et mélancolique + acteurs vrais + moments de tendresse frère/soeur ou grand-père/petite-fille ou oncle/fils (vers la fin) =  :,)

Nous avons donc sans doute trouvé un des points les plus importants du scénario pinceau : l'aspect tendresse/fraîcheur. Pour encore mieux illustrer ce type de scénario, prenons un autre modèle du genre, j'ai nommé  Edward aux mains d'argent, sublime conte de David Fincher.

Dans Edward aux mains d'argent, difficile de trouver un quelconque effet tire-larmes, en tout cas durant la première heure. On découvre une femme, prisonnière de son château en apparence morbide, mais en fait très beau. On découvre un quartier en apparence chaleureux, mais en fait très stéréotypé et xénophobe. Tout ça à travers des petits morceaux de vie, un choc des cultures que Tim Burton filme au quotidien, à travers les repas, les travaux de jardinage, les barbecues.

C'est de la sobriété et de l'humanité de Edward que le scénario tire sa force. On est ému rien que par le regard un peu naïf de Depp, qui prononce à peine 150 mots dans tout le film. Et, comme pour little miss sunshine, le scénario connait un point de basculement.


Edward doué = Curiosité des voisins = accueil = travail de coiffure = émission télé = succès = :)

MAIS

Edward + Kim = COEUR
Edward + Jim = CAMBRIOLAGE
Jim + Kim = SEXE

 DONC : Crainte + fantasme + jalousie + edward craque + police + folie des voisins = rejet


  Voilà donc un élément essentiel de ce type de scénario : la rupture. Mais il faut que cette rupture soit la plus inattendue possible. Le ton léger de la première moitié conditionne le spectateur, qui ne s'attend pas à glisser lentement dans les méandres envoûtants de l'émotion (Pouce vert). Et de l'émotion, on en a dans le film de Tim Burton. Mais contrairement aux scénarios Kleenex, ce ne sont pas des émotions outrancières, qui nous font manger notre fauteuil tellement qu'on est sur le point de pleurer mais qu'on n'a pas envie.

    C'est au contraire une émotion douce, mais qui ne nous lâche pas. Bande-son envoûtante, histoire d'amour originale, fin à moitié tragique, acteur expressif, ambiance de conte de fées. Voilà ce qui contribue à l'émotion du scénario "pinceau" dans Edward aux mains d'argent.

Je pense que j'ai un peu fait le tour. Pour les scénaristes un peu lents du ciboulot qui n'ont pas encore bien saisi ce qu'était le scénario pinceau, je vous donne quelques autres titres de films qui s'y prêtent : Dans ses yeux, The truman show, ou encore Une séparation.

Merci d'avoir suivi les divagations nombrilistes d'un cinéphile perdu dans la réalité.
A bientôt, je vous méprise !!!!

  

Comments

[Hunter Arrow]

Je ne vois pas ce que tu veux dire William. Traite donc de la série les Feux de l'amour tout simplement.

[William le trafiquant de cocaïne]

Moi aussi je suis à la recherche du scénar' puissant, mais pour une vidéo, et je n'ai pas la moindre idée. Une petite série serait le "must". Si quelqu'un peu m'aider...