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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Dans la maison, dans l'univers d'Ozon

Publié par yoyo114 sur 10 Octobre 2012, 18:28pm

Catégories : #Sorties Ciné, #Dans le Magnéto

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Avec un peu de retard, je m'attelle à la critique de "dans la maison", le nouveau film de François Ozon, passé un peu inaperçu bien qu'il ait remporté un coquillage d'or (wahou!). On connaît le réalisateur pour ses ambiances un peu déroutantes (huit femmes), et son goût pour le thriller sulfureux. Cette fois-ci, il a réuni Fabrice Luchini, Kristin Scott Thomas, et la révélation du film : Ernst Humauer, et signe un film inclassable, mélange de thriller et de comédie satirique, sur fond de littérature et d'imagination. Très intrigué par cette recette incongrue, votre reporter adoré (yoyo) est allé faire un tour dans les salles obscures pour découvrir dans la maison.
 

De quoi ça parle ?

De monsieur Germain, un professeur de français qui s'ennuie un peu, qui aurait aimé être écrivain mais qui ne se trouvait pas assez bon (n'est-ce pas le cas de la plupart des profs de français ?). Il demande à ses élèves de secondes d'écrire une petite rédaction sur leur week-end. La plupart des copies sont affligeantes, mais Germain est tout de même intrigué par la copie de Claude, qui raconte son après-midi chez son ami Raphaël. Claude décrit avec ironie la maison et la famille de Raphaël. Germain, persuadé que Claude a un don pour la littérature, l'incite à continuer. Claude écrit alors d'autres rédactions sur la famille de Raphaël, des rédactions de plus en plus troublantes, voyeuristes voire inquiétantes. A la fois fasciné et  méfiant, monsieur Germain entre dans un jeu périlleux, qui va très vite lui échapper.
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Qu'est-ce que ça donne ?

 

Si je vous dis qu'il y a un grand point commun entre le dernier James Bond et Dans la maison, vous aurez du mal à me croire. Et pourtant, ce sont deux films qui bénéficient d'un scénario ludique et toujours en mouvement. Skyfall brasse les clichés inhérents à James Bond pour mieux les renverser, pour surprendre et renverser le spectateur qui s'attend à de grosses scènes d'actions, des belles nanas, un méchant vraiment méchant et un James Bond indestructible. C'est dans ce mélange d'autodérision et de nostalgie que Skyfall puise sa force. Il en est de même pour dans la maison. C'est un thriller qui a pour thème la création artistique, Ozon procède donc à ce que les professeurs de français appellent................. une mise en abîme ! Exactement, pour les jeunes qui sèchent les cours, sachez qu'une mise en abîme, c'est un film dans un film, ou un livre dans le livre, ou du théâtre dans le théâtre. Au fil du film, le jeune Claude se pose des questions sur : comment faire évoluer son histoire ? Doit-il faire mourir Raphaël ou doit-il plutôt chercher la fin du côté de son professeur ? Toute l'originalité de Dans la maison repose sur ce récit d'un récit en construction. Le film aurait pu être terriblement ennuyeux, mais pour finir, on est cloué à son siège de bout en bout. Et c'est là le coup de force du film : alors que c'est un film qui nous explique ce qu'est la fiction, on se laisse emporter. Autrement dit, Ozon a beau nous rappeler constamment que tout ça n'existe pas, on s'attache aux personnages et on croit totalement en eux. Il faut dire qu'Ozon sait faire preuve d'audace, et prend des risques artistiques qui s'avéreront payant (par exemple, le doute progressif entre fantasme et réalité).

 

La réussite vient aussi des acteurs, tous bluffants. A commencer par l'inénarrable Fabrice Luchini, que l'on connaît pour ses grandes tirades exaltées chez Drucker. Ici, pas d'exaltation : il joue le rôle de monsieur Germain avec une perfection qui laisse bouche bée. Sa prestation mérite largement un César (qui sait !). Kristin Scott Thomas, toujours aussi charismatique, compose parfaitement la femme de monsieur Germain, obsédée par sa galerie de peinture qui est au bord du rachat. Ernst Humauer, jusque là inconnu, est la révélation du film. Son jeu est loin d'être caricatural : il joue un personnage à la fois manipulateur et très fragile, et s'en tire à merveille. Saluons aussi les performances des autres acteurs, notamment les parents de Raphaël : Emmanuelle Seigner et Denis Ménochet, l'inoubliable monsieur Lapadite de Inglourious Basterds.

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Autant vous le dire : une fois que Dans la maison  commence, impossible de décrocher. On savoure chaque minute, entre amusement et angoisse. Amusement car l'écriture du film est très vive, la mise en scène est pleine de trouvailles drolatiques. Angoisse car les penchants voyeuristes de Claude, auxquels nous assistons comme des complices, nous mettent un peu mal à l'aise.

 

Dans la maison séduit car, pendant le visionnage, on a le sentiment de regarder quelque chose de neuf, de singulier, d'inclassable. C'est vrai, d'ailleurs, quelle étiquette donner à ce film. Ce n'est pas une comédie, car l'expérience tourne un peu au cauchemar. Ce n'est pas vraiment un drame. Ce n'est pas non plus un film d'angoisse du genre : la main sur le berceau, Esther ou JF partagerait appartement, contrairement à ce que laissait présager la bande-annonce. Non, Claude n'est pas un jeune garçon psychopathe qui finit par tuer tout le monde. Pour se faire une idée de Dans la maison, il faut le voir, tout simplement. Il faut savourer ce jeu malicieux, imaginatif mais très dangereux. C'est à la fois la force et la faiblesse du film. Car, une fois que l'on a terminé Dans la maison, on est certain d'avoir passé un très bon moment, mais on ne sait pas trop quoi en retenir. Alors qu'il y avait sûrement moyen de faire un film marquant sur les mystères de la création artistique, Ozon conclut son film avec une fin qui se veut dérangeante, mais qui est en fait assez fade. On reste sur notre faim.

 

Pourtant, monsieur Germain sait qu'une bonne fin est très importante. Il le dit à Claude, au cours du film : "le secret d'une bonne fin, c'est quand tu ne t'attends pas du tout à cette fin, mais que, après réflexion, tu te dis que l'histoire ne pouvait pas se terminer autrement". Dommage qu'Ozon n'ait pas appliqué ce proverbe à son film.

 

Conclusionnons :

 

Dans la maison, loin d'être un film d'auteur chiantisant, titille l'imaginaire du spectateur de bout en bout. Ozon signe un film inspiré et plaisant, au-dessus de la mêlée des films français contemporains. Dans une mise en scène sobre mais rythmée, il déploie un scénario malin et stimulant, qui fait du bien à nos neurones. Les numéros d'acteurs sont jouissifs, surtout celui de Fabrice Luchini. Dommage que la fin soit en dessous du niveau global, au lieu d'être au-dessus. Mais vous savez que Yoyo est très exigeant avec les fins de film, alors peut-être que vous serez plus indulgents que moi !

 

BONUS : Quel est le deuxième point commun entre Skyfall et dans la maison ? Réponse...............

Skyfall se termine... Dans la maison !!!! (ok j'arrête).


Note : 4.25/5

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L
Pour moi il n'y a pas d'élève...seul Germain qui discute avec son héros imaginaire de son livre raté "L"enfant de l'orage". Bref un prof fatigué et dépressif assis sur un banc d'une clinique psy<br /> (Verrière) qui crée le récit avec en toile de fond les appartements et des occupants qui complètent l'histoire (jumelles....)<br /> Ce qui explique:<br /> Le passage où Claude parle de l'orage,la peur le sentiment de protection, l'amour maternel... Même thème lors du poème à Esther avec l'eau.<br /> La scéne finale met en avant les personnes de l'histoire: ]Un homme assis sur un banc qui observe les habitants des immeubles et qui voient parmi les scénes:<br /> - 2 femmes semblables qui se disputent (les jumelles de la Galerie)<br /> - le couple qui est tué par une 3ème personne (la famille de Rapha?<br /> Moi j'ai compris ce film de cette manière
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Y
Je l'ai, mais ça m'a jamais vraiment tenté. J'avais vu huit femmes qui est particulier (tu détesterais, je pense). Mais Dans la maison est nettement plus abordable.<br /> <br /> Après, c'est peut-être ma passion pour la littérature qui me rend subjectif.
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H
Bah Swimming Pool son seul intérêt est celui de voir Ludivine Sagnier en tenue d'Eve mais à part ça je me suis globalement bien emmerdifié.
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Y
J'ai pas vu Swimming Pool, mais il suffit de voir les différences de notation. Dans la maison culmine à 3.9/5 tandis que Swimming Pool est à 2.9, je crois. En tout cas, pour ma part, c'est un film<br /> vraiment passionnant, et je ne me suis pas ennuyé, sauf peut-être dans la dernière partie qui part un peu en cacahuète.
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H
Je n'ai jamais accroché à Ozon comme réalisateur personnellement. J'ai toujours trouvé ses films chiantisants en particulier Swimming Pool. Dis moi est ce que ce film est plus "rythmé" que Swimming<br /> Pool ou au moins est ce qu'il est plus intéressant dans son intrigue ?
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