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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


L'âge de glace 4, ou quand l'épopée picaresque flirte avec le néo-réalisme.

Publié par yoyo114 sur 27 Juin 2012, 15:49pm

Catégories : #Sorties Ciné, #Dans le Magnéto

Le premier volet de l’âge de glace fut un succès critique et public, prouvant que l’on pouvait faire de beaux films d’animation sans Disney et Pixar. Le deuxième volet, sur fond de réchauffement climatique, était sympathique mais moins réussi. Le troisième volet sur les dinosaures était encore moins bon, mais restait correct. L’âge de glace 4, la dérive des continents rehausse-t-il la saga ?



Un critique de cinéma se doit d'aller voir toutes sortes de films, même les films d'animations qui ont reçu le label famille. Personnellement, si on me laissait le champ libre, je me contenterais des films de Tarkovski et de Von Trier, et je laisserais mes collègues se faire ch*** devant les productions américaines consensuelles et bourrines. Il est vrai que l'arbre mort et décharné du Sacrifice m'excite beaucoup plus que les scènes d'actions écervelées de ce Michael Baie.

Mais un critique n'a pas le champ libre, c'est donc en trainant des pieds que je me suis rendu au Kinépolis le plus proche (vous voyez, on me paye même pour faire de la pub), que j'ai payé ma place, et que je me suis retrouvé dans une salle remplie d'adorables petits chérubins grouillant de fauteuil en fauteuil à côté de leurs parents dépassés et éteints. Les bandes-annonces de films d'animations abrutissants se sont succédées, ponctués de petits rires sibilants à chaque blague débile (que voulez-vous, les enfants sont bon public). Enfin arrive l'âge de glace 4... Et la : surprise !!! Derrière le film d'animation gentillet que tout le monde voit se cache une grande oeuvre philosophique et néo-réaliste, un exaltant film à tiroirs et une galerie de personnages torturés aussi profonds que les héros Shakespeariens.


Car l'âge de glace 4 est un film torturé, et très cynique sur les rapports humains. Le fait d'avoir choisi des animaux est très judicieux pour exprimer les questionnements métaphysiques de l'âme humaine. Cet article se veut une analyse approfondie de cette oeuvre crépusculaire qui fait date.

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La dérive des âmes

Le quatrième volet de la franchise a donc pour toile de fond la dérive des continents, mais bien entendu ce n'est pas un hasard. Car les personnages principaux eux-mêmes vivent une scission interne très violente, qui leur révèlera leur vraie nature, leurs pulsions et leurs angoisses refoulées, un voyage initiatique assez pessimiste qui ira jusqu'à la confrontation des protagonistes avec la figure composite freudienne qui les habite, dans une scène paradigmatique de l'inconscient. 

Les héros de Steve Martino et Mike Thurmeier ont tous des fantasmes qu'ils ne s'avouent pas. Grâce à un scénario habile et une mise en scène subtile, les réalisateurs font naître un monde de fantasmes sous nos yeux, tout en montrant l'irréalité de ce monde. A l'instar de Diego qui voit dans la tigresse de l'équipage la partie sauvage et lunatique de lui-même, qu'il n'arrête pas de refouler. Dans son monde idéal, la tigresse et lui formeraient un couple complémentaire à travers lequel il pourrait retrouver la paix. Mais alors qu'elle pourrait sauter et rejoindre la bande de diego, elle reste avec l'équipage de pirates. Diego est alors en scission, au sens propre comme au figuré, comme dans le mythe d'Aristophane sur l'être complémentaire.

Sid, quand il voit sa famille arriver, éprouve un grand soulagement car il retrouve un environnement stable, lui qui a toujours été considéré comme un excentrique (ou plutôt un gros con). Il se construit un fantasme dans lequel sa famille est un double amélioré de ce qu'il est. Seulement, sa famille repart aussitôt qu'elle est arrivée, lui laissant seulement la grand-mère, aussi ratée que lui.

Ils sont donc à la dérive sur un petit bout de glace, face à l'immensité de l'océan, qui symbolise les entrelacs insondables de leur âme malade. Parfois, ils atterrissent sur un petit bout de terre, et rencontrent des personnages à partir desquels ils construisent des fantasmes qui s'évaporent aussitôt qu'ils repartent en mer.

Cette dynamique lynchéenne des fantasmes et des tourments de l'âme atteint son point culminant lors de la scène des sirènes, ou les personnages voient leur surmoi, et tentent de l'approcher. Mais quand ils s'approchent trop près, ils entrevoient le ça, l'inconscient, caractérisé par la pulsion de mort. Car les sirènes sont en réalités des poissons aux écailles d'une couleur cadavérique et au regard moribond. Après avoir traversé cette épreuve terrible, nos héros sont tétanisés, vidés par l'épreuve psychologique qu'ils viennent de subir.

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Scrat ou la déréliction

A côté du parcours périlleux de Manny, Sid, Diego, Pêche et j'en passe, se déroule un autre voyage : celui de Scrat. Derrière les gags assez étonnifiants, bien que puérils, il y a un véritable symbole de la fuite en avant, déjà exposé par Blaise Pascal dans les pensées.

Car la noisette de Scrat est le symbole de la course effrenée à l'objet désiré, la dynamique désir et frustration qui est un thème fort de l'oeuvre pascalienne. Scrat poursuit sa noisette pour oublier ses peurs existentielles, notamment la déréliction qu'il éprouve et la peur de son ingénuité face à la grandeur des éléments. Et pourtant, son personnage est loin d'être aussi simple...

Car en effet, Scrat est souvent l'élément déclencheur, c'est lui provoque la dérive des continents et fait engloutir une cité. Le message du film est clair : c'est le désir qui est le moteur des grands bouleversements humains. Le désir qui pourtant ramène à l'enfance et aux complexes psychologiques les plus basiques. Le complexe d'oedipe, par exemple. Scrat, à travers la noisette, accomplit le meurtre du père et l'union avec la mère, la volonté d'être le mâle qui domine. D'ailleurs, n'appelle-t-on pas la noisette un gland ?

Que retenir ?

Chef d'oeuvre intemporel sur la condition humaine, l'âge de glace 4 va faire couler beaucoup d'encre. Dommage que la fin soit trop optimiste.

Note : 3/5


 

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Commenter cet article
V
Pauvre William qui n'a pas compris que cette critique n'était que le résultat de la transformation de yoyo114 en dangereux junkie psychopathe...
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W
Waow, très belle critique, un peu trop profonde peut-être...mais c'est bizarre après tous les éloges que tu as fait au film, tu ne lui mets que 3/5. Je te conseille, soit de la modifier un peu,<br /> soit de changer ta note. Mais sinon bravo.
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H
En même temps cela ne fonctionnera pas...
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M
Parce que tu ne l'as pas encore mis ?!!!! C'est une honte monsieur ! Une honte !
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Y
Chiche que je mets le lien sur la fiche allociné de l'âge de glace.
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Y
Je vous méprise tous, ce film m'a époustouflé, et vous n'êtes que les moutons qui voyez un film pour enfants.
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H
C'est en Bretagne que tu as commencé à te droguer ?<br /> <br /> Sinon c'est du bon...
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M
C'est pas mal.
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