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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Blue Jasmine : Mauvais Allen ?

Publié par Yoyo114 sur 19 Octobre 2013, 11:11am

Catégories : #Sorties Ciné, #Dans le Magnéto

 

Woody Allen est un réalisateur qui ne rentre dans aucune case, pour différentes raisons :  son énorme productivité (le bonhomme a dépassé les quarante longs-métrages), un style et des dispositifs artistiques qui lui sont propres, et que peu de réalisateurs modernes ont imité, mais aussi une hésitation constante entre l'humour et la tragédie. Blue Jasmine, son dernier ouvrage, est justement une tragi-comédie, une tranche de vie drôle et cruelle qui provoque un savoureux plaisir de visionnage, et qui nous remue longtemps après.

 

Blue Jasmine, c'est l'histoire de Jasmine, de son vrai nom Jeanette (Cate Blanchett) qui abandonne ses études d'anthropologie pour épouser le séduisant Hal (Alec Baldwin), riche homme d'affaires qui n'hésite pas à utiliser son immense fortune pour aider son prochain et pour combler son épouse qu'il aime passionnément. Enfin, ça, c'est la version officielle à laquelle Jasmine va croire pendant de nombreuses années. Jusqu'à ce qu'elle découvre la vérité : son mari collectionne les maîtresses, et, loin d'avoir utilisé son argent avec bienveillance, il a monté de gigantesques escroqueries tout au long de sa carrière. La crise économique entraîne Hal en prison, et Jasmine se retrouve ruinée du jour au lendemain. Contrainte de refaire sa vie et de trouver un travail, elle part vivre chez sa soeur Ginger (Sally Hawkins) à San Fransisco.

 

Ginger n'a pas exactement le même style de vie que sa soeur. Mère divorcée, elle s'amourrache d'un mécanicien un brin macho (Bobby Canavale), et vit dans un modeste appartement avec ses deux enfants turbulents. Le film démarre au moment où Jasmine débarque à San Francisco, se plaignant qu'elle n'a plus un sou, mais avouant qu'elle est venue en première classe. C'est là tout le problème de Jasmine : à force de mener la grande vie, elle a complètement perdu le sens des réalités, et il lui faudra de nombreuses claques pour se réadapter aux réalités d'une existence précaire.

 

Verdict ?

 

 

Personnellement, je ne suis pas un adorateur du réalisateur New-Yorkais. Je trouve que certains de ses films sont de véritables bijous (Meurtre Mystérieux à Manhattan, génial !), mais que d'autres sont largement oubliables (Maris et Femmes, la Rose pourpre du Caire). Cependant, je lui reconnais un mérite rare : il arrive à allier la maîtrise, la sobriété et l'inspiration. Un triangle que la plupart des artistes sont incapables de respecter : ceux qui laissent parler leur inspiration ne maîtrisent pas complètement leur récit, ceux qui s'appliquent à atteindre le récit parfait produisent des films qui manquent de chair, ceux qui veulent faire trop bien perdent en sobriété. Chez Woody Allen, chaque scène est conçue avec une précision d'orfèvre, et pourtant, il y a de la vie, de la passion et de la fragilité. Avec Blue Jasmine, il continue de roder son art et atteint une sorte de perfection tranquille, typique des artistes vieillissants qui n'ont plus rien à prouver.

 

Cate Blanchett, en femme au bord de la crise de nerfs, trouve sans aucun doute le plus beau rôle de sa carrière. Brillante, habitée par son personnage, elle risque de fort de rafler une statuette aux Oscars 2014 ! Au milieu des allers-retours entre le présent (la déchéance de Jasmine) et le passé (sa vie de princesse), la figure centrale reste Jasmine, personnage à la fois monstrueux, irritant et attachant. Si mon confrère Hunter Arrow avait détesté Black Swan en partie à cause de son personnage tête à claques, il risque d'éxecrer le film de Woody Allen ! En effet, le personnage de Cate Blanchett est un modèle en terme d'héroïne butée, qu'on a envie de baffer pour qu'elle prenne conscience de sa situation.

 

En plus du jeu extraordinaire de Cate Blanchett, notons la mise en scène très précise de Monsieur Allen, qui nous sort le grand jeu. La plupart des plans sont très colorés, avec des couleurs chaudes, et donnent un beau pétillement à la comédie humaine que vivent les protagonistes. La galerie de personnages que le réalisateur fait défiler devant nos yeux, bien qu'elle frise parfois la caricature, a le mérite de dresser un portrait édifiant de notre société moderne. Déjà, dans Match Point, Allen montrait un individu prisonnier du milieu social dans lequel il est entré. Même si Blue Jasmine est moins réussi, il y a toujours ce goût de la satire qui manque à la plupart des artistes d'aujourd'hui.

 

Les riches...

 

Les moins riches...

Les moins riches...

Le film est une réussite grâce à une belle conjonction de talents : interprétation sans faille, réalisation discrète mais maîtrisée, personnages bien croqués, et enfin : un grand sens du récit. La meilleure idée étant cette oscillation régulière entre passé et présent : chaque saynette du passé permet de comprendre un peu mieux les enjeux actuels, dans un film où l'histoire se réinvente sans cesse. Les flash-backs, tous d'une grande puissance picturale, dévoilent au spectateur la cage dorée dans laquelle l'héroïne a mijoté durant une vingtaine d'années. Le spectateur comprend, grâce à ces flash-back, pourquoi Jasmine n'arrive pas à changer de vie, et tombe toujours dans les mêmes illusions.

 

Je vous vois déjà, frêles brebis égarées, me demander : mais alors, yoyo114, peut-on en conclure que Blue Jasmine est un chef d'oeuvre ?? J'aimerais répondre que oui, malheureusement, ce n'est pas le cas. Malgré un avis largement favorable, j'ai deux réserves qui font que je n'ai pas adoré le film.

 

D'abord, au bout d'une heure, le film devient un peu longuet. Les deux soeurs trouvent un nouvel amoureux au même moment, et le réalisateur s'attarde un peu trop sur des histoires de sexe et de tromperies pas forcément intéressantes, qui font perdre au récit sa cohérence. Deuxièmement, le ton délicieusement satirique de la première partie se transforme peu à peu en un ton gratuitement méchant, plein d'aigreur désagréable. A mesure que Jasmine échoue à refaire sa vie, on a l'impression de voir, derrière chaque plan, le vieux Woody en train de se tordre de rire face au déclin de son héroïne.

 

Dommage que, arrivé à 80 ans, le réalisateur soit toujours autant persuadé que la vie est une fatalité, et qu'il se sente obligé de le rappeler au spectateur avec une étrange méchanceté. Autant, dans Match Point, l'aigreur donnait au film toute sa saveur, autant dans Blue Jasmine, on aurait aimé un peu plus d'humanisme et d'espoir.

 

Jasmine a beau faire, elle retombe toujours dans les mêmes illusions.

 

Deux petites ombres au tableau, mais quel tableau de maître ! Les baisses de rythme et l'aigreur sont heureusement trop faibles pour ternir l'ensemble du film. On retiendra notamment le plan final, sidérant et hypnotique, que le spectateur n'est pas prêt d'oublier. J'ai vu ce film le jour de sa sortie, il y a quatre semaines, et les dernières minutes me hantent encore alors que je rédige cette critique. Du grand art !

 

Plus dure sera la chute...

 

Pour conclure

 

On assiste à l'apothéose d'un réalisateur singulier, avec une tranche de vie assez originale dans le cinéma américain, puisqu'elle aborde frontalement la vie d'un individu piégé par un bonheur illusoire. Mais, loin d'être un film sociologico-didactico-chiantique, Blue Jasmine est juste un bon morceau de cinéma, avec des dialogues, des situations et des personnages comme on les aime. Excepté un essoufflement dans le dernier tiers, et un petit côté moralisateur dont on se serait bien passé, voilà un des meilleurs films de l'année 2013, porté par une actrice au sommet de son art.

 

Note : 4.25/5

 

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S
Merci beaucoup pour ces infos
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S
Télécharger des films gratuitement sur Megaupload en un seul lien grâce à http://www.film-en-lignee.com , des liens valide ! en qualité DVDRIP, DVDSCREEN, R5 etc...
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H
Tu refuse une occasion de télécharger des films pornos bosniaques dans lesquels la jeune éphèbe se fait majestueusement détruire de toute part au point que dans le making off on apprenne que cette dernière a fait une hémorragie ? Je ne te reconnais plus Vivien...
V
Oui mais non.
H
Pour répondre à la question qui se pose ici : comment Hunter va pouvoir regarder ce film avec une femme tenant le rôle principal et étant quasiment LA seule présence humaine dans ce long métrage (voir la seule, j'ai toujours soupçonné Clooney de ne pas être humain), voici ma réponse : je ne vais pas voir Gravity... Plus sérieusement, indépendamment de cet élément, Gravity c'est un peu comme les films de Woody Allen : ça me laisse de marbre et je n'ai pas plus envie que ça de les découvrir. D'ailleurs je n'ai jamais vu un seul film de Woody Allen.
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M
Je passerais à côté du jeu de mot des plus limite (manquez-vous d'imagination dans le choix des titres pour en livrer des médiocres ?!) pour vous signaler que c'est une excellente critique.<br /> <br /> Un petite point à éclaircir, vous parlez d'Hunter Arrow et son problème &quot;'Black Swan&quot;, sachez que celui-ci cache une peur profonde des femmes d'où sa haine pour elles et de ce fait, il a un problème avec tous les femmes ayant une femme au casting.<br /> <br /> Ne me remerciez pas pour cette information.
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M
A mon avis oui, d'ailleurs j'ai entendu qu'il y avait une scène ou Bullock mange une salade.
V
Yoyo : Je sais même pas si je dois prendre ce &quot;spoiler&quot; au sérieux...
M
Bien que je n'ai pas vu le film, il y a un point où je suis en désaccord avec vous. Cela concerne &quot;la Rose pourpre du Caire&quot;, je ne suis pas du tout de votre avis, au contraire je trouve que c'est un excellent film et surement l'un de ses meilleurs (bien que je n'en ai pas vu énormément).
Y
Ca n'a jamais été une actrice exceptionnelle mais je peux vous garantir qu'elle est bluffante dans le film. Et je n'en dirais pas plus sur George Clooney pour ne pas gâcher le plaisir (enfin, je vais juste vous dire que, à la fin, Sandra Bullock découvre que George clooney est son père !!!)
V
Et apparemment on voit à peine Georges Clooney...<br /> <br /> Bonne chance Hunter.
M
Il n'est, pour le moment, pas chaud pour aller voir Gravity, notamment car il n'aime pas Sandra Bullock. Je peux le comprendre car moi non plus je ne suis pas fan de cette actrice.
Y
je te remercierai quand même pour cet indice précieux sur le cerveau détraqué d'Hunter. <br /> Je vais faire mon naïf et pousser la question plus loin : Comment Hunter va-t-il faire pour regarder Gravity, ou on ne voit que Sandra Bullock ??

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