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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Le majordome : White house down

Publié par yoyo114 sur 17 Novembre 2013, 20:27pm

Catégories : #Sorties Ciné, #Dans le Magnéto

 

Le majordome, nouveau film de Lee Daniels (réalisateur de Precious et Paperboy), relate l'histoire vraie de Cecil Gaines, entré à la maison-blanche sous la présidence d'Eisenhower, et sorti trente ans plus tard, du temps de Reagan. Entre temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts : l'Amérique a été ébranlée par la guerre du Viêt-Nam, le mouvement des droits civiques, d'abord violemment réprimé, a connu de brillantes victoires. A l'arrivée, un film très académique, qui échoue à représenter les sept présidences autrement que par une galerie d'acteurs clinquante. "Le Majordome" est cependant passionnant quand il étudie le conflit entre Cecil Gaines et son fils, membre du mouvement des Black Panthers. 

 

En découvrant le pitch du film, les rageux de tout poil ont crié au film académique et typé Oscars. Il faut avouer que Lee Daniels donne tous les bâtons imaginables pour se faire battre. Listons un peu tout ce qui fait du Majordome le film idéal pour obtenir les statuettes du Kodak Theatre : 1) Histoire vraie. 2) Reconstitution historique sur trente années. 3) Evocation en un seul film de l'assassinat de Kennedy, de la lutte pour les droits civiques, de la guerre du Viet-nâm, des magouilles de Richard Nixon, et, cerise sur le gâteau, de l'élection récente de Barack Obama. 4) Présence d'une brochette d'acteurs à faire pâlir le casting de "Cartel". On notera la tête d'affiche, Forest Whitaker, interprète mémorable du dictateur Amin Dada dans "Le Dernier Roi d'Ecosse". 

 

Personnellement, je n'ai rien contre l'académisme des films américains, il y a même des films estampillés "Oscar $ $ Weinstein" que je trouve superbes, notamment The Artist, ou même Le Discours d'un roi. Seulement, là où certains films sont gentiment académiques, Le Majordome est beaucoup trop académique. Le marketing du film se base sur deux arguments poids-lourds : c'est une histoire vraie, et le film parle de sept présidences. Sachez, messieurs dames, que le premier argument est déjà un peu bidon : hormis le fait que Cecil Gaines a traversé sept présidences, son fils n'a jamais fait partie du mouvement des droits civiques, sa femme n'était pas alcoolique, et son père n'a pas été tué par un contremaître cruel dans une plantation de coton. Alors, moi, je n'ai rien contre la fiction, m'voyez ? Mais quand on se targue d'avoir adapté à l'écran une histoire vraie, et qu'au final, les trois quarts du film sont inventés, je frappe du poing sur la table et, à l'instar de Margaret Thatcher, j'exige qu'on me rembourse ! 

Le majordome : White house down

Quant au deuxième argument, à savoir : "c'est génial, on va voir tous les présidents de Eisenhower à Reagan"... Effectivement, l'affiche ne ment pas : le film brosse le portrait de ces sept présidents. Mais quel intérêt ?  C'est le plus gros défaut du film : la leçon d'histoire est certes édifiante, mais elle n'a aucun intérêt cinématographique. Les passages qui présentent Eisenhower, Nixon ou Kennedy conviennent parfaitement aux documentaires qui passent en boucle dans les musées d'histoire.

 

Le gros problème est qu'il n'y a aucune réflexion sur l'action menée par chacun des présidents. Lee Daniels les présente comme des ombres, chacun occupant deux minutes dans le film, et aucun n'ayant le temps de tirer son épingle du jeu. Les acteurs sont peu inspirés : même Robin Williams se contente d'une petite imitation proprette d'Eisenhower. Seul l'interprète de Ronald Reagan (Alan Rickman) parvient à donner un peu de chair à son personnage. Ouf, in extremis !

Le majordome : White house down

Malgré le manteau pour l'hiver que je viens de tailler à ce "Majordome", le film reste pour moi de bonne facture. En effet, on comprend très vite que Lee Daniels s'intéresse moins aux présidents qu'à l'histoire des Etats-Unis sur cette période. La plupart du film évoque la lutte des afro-américains pour l'égalité des droits civiques. Bon, là encore, le trait est parfois un peu lourd, certaines scènes sont trop manichéennes, d'autres sont expédiées, mais dans l'ensemble, en se focalisant sur cette pierre angulaire de l'histoire américaine, le film trouve beaucoup de souffle. Il devient même excellent quand il décrit le froid qui s'installe progressivement entre Cecil et son fils, Louis.

 

Cecil, heureux d'avoir trouvé une bonne situation, qui lui permette d'assurer une sécurité pour sa famille, ne supporte pas que son fils adhère au mouvement de Martin Luther King. Le fils en question, lui, est pétri de honte en voyant son père faire des courbettes devant les présidents blancs qui se succèdent à la Maison-Blanche. Lee Daniels va jusqu'à transformer Louis Gaines en un garçon arrogant, imbu de lui-même à force de lutter pour ses droits. On est étonné de trouver un personnage aussi ambigu dans un film qui semble tout faire pour éviter les ambiguités. 

 

 

Le majordome : White house down

Puisque le film nous sert une galerie d'acteurs à faire pâlir un afro-américain, achevons cette critique par un petit mot sur ces charmants acteurs. Les stars qui passent en coup de vent sont plutôt convaincantes (John Cusack, Jane Fonda). Forest Whitaker est excellent, mais moins excellent que d'habitude. En même temps, son rôle est assez bancal : son personnage insuffle le changement, en conseillant certains présidents sur la politique raciale, mais en même temps, il ne se rebelle que très tardivement puisqu'il prend une vingtaine d'années à s'affirmer et à refuser la soumission. On a du mal à comprendre ce personnage, et je pense que Whitaker aussi a eu du mal à comprendre qui, au juste, est Cecil Gaines. 

 

La grande surprise du film, c'est Oprah Winfrey, dans son premier rôle au cinéma à ma connaissance. Je ne supporte pas les animateurs ou chanteurs qui s'improvisent acteurs le temps d'un film, mais là, elle m'a complètement bluffé. De tout le casting, c'est probablement la meilleure. Etonnant pour une "novice" en la matière !

Le majordome : White house down

Pour conclure

 

L'histoire intime relatée par Daniels et le jeu des acteurs suffisent à faire du Majordome un film à peu près réussi. Dans l'ensemble, on ne s'ennuie pas, et il arrive même que des scènes nous serrent le coeur. La fin, cependant, ne rehausse pas le film : saut jusqu'au présent, lors de l'élection de Barack Obama. Franchement inutile, cette partie dessert l'ensemble, car on a l'impression d'avoir vu un spot de deux heures pour le président actuel des Etats-Unis, et pour les démocrates en général. Bref, une fin assez vaine, et très Hollywoodienne. 

 

Note : 3.5 / 5

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V
Il met des Nike aussi le majordome ?
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