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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


La Vie rêvée de Walter Mitty : comme un cauchemar éveillé ou vraie réussite ?

Publié par Hunter Arrow sur 17 Janvier 2014, 22:46pm

Catégories : #Sorties Ciné

Introduction :

Déjà commençons cet article en replaçant les choses dans leur contexte et en donnant déjà le titre original, à savoir The Secret Life of Walter Mitty (si, si ça compte énormément ce détail). Initialement ce film est tiré de la nouvelle écrite par James Thurber et parue dans le New Yorker du 18 Mars 1939. Elle y conte l'histoire de Walter Mitty (en même temps avec un titre pareil vous ne vous attendez pas à ce que le héros se nomme Jo Le Clodo), américain de la middle class sans histoire qui, alors qu'il est au volant de sa voiture avec à ses côtés sa femme afin d'effectuer les courses hebdomadaires et d'emmener cette dernière à son salon de beauté; s'imagine vivre de rocambolesques aventures dans la peau de personnages exotiques. Il passe ainsi du marin naviguant en pleine tempête à l'éminent chirurgien engagé sur une intervention quasi impossible et bien d'autres rôles encore. Cette nouvelle est considérée comme étant l'une des oeuvres majeures de Thurber et elle est si célèbre outre atlantique qu'elle a même donné source à un mot dérivé "Mittyesque" ce qui serait à peu près l'équivalent chez nous du terme Mythomane, bien qu'il ai une connotation bien plus imagé que notre mot bien Français.

La Nouvelle a déjà eu le droit à une adaptation cinématographique du même nom, réalisée en 1947 par Norman Z. McCleod qui n'a rien à voir avec Duncan ou Connor. Avec dans le rôle titre Danny Kaye, le film est bien différent de la nouvelle qu'il adapte très librement. Ce dernier conserve l'idée des rêves éveillés faisant déconnecter le personnage principal de la réalité, toutefois alors que la nouvelle opposait le monde imaginaire créé par l'esprit de Walter et sa réalité rébarbative; le film entremêlait ces idées avec une intrigue de pseudo film d'espionnage mais avant tout axé sur la comédie.

C'est en 1994 que l'idée de remaker ce film tout en cherchant à offrir quelque chose de plus fidèle à la nouvelle a émergé. Au fil des années, Le projet est passé de mains en mains. L'une des rares constantes étant la persistance du choix de Jim Carrey afin de tenir le rôle titre et ce jusqu'en 2005. Les droits de ce film n'ont cessé de voguer entre les studios, passant de New Line à la Paramount et étant cofinancé par Dreamworks et les réalisateurs potentiels ont défilés. Pour dire, Ron Howard, Chuck Russel, Steven Spielberg, Gore Verbinski; ont failli réaliser ce film. Le script lui même a été plus remanié, afin de coller aux potentiels réalisateurs ou acteurs, que le visage de Cher a été relifté. Finalement après presque 20 ans de coupage de cheveux en quatre, Ben Stiller fut désigné aussi bien à la réalisation qu'au rôle titre. 

Ainsi le film devient la 5ème réalisation de l'acteur/réalisateur américain après Génération 90 (Reality Bites), Disjoncté (The Cable Guy), Zoolander et Tonnerre sous les Tropiques (Tropic Thunder).

De quoi ça cause ?

Walter Mitty (Ben Stiller), est un modeste employé du célèbre magazine Life, où il développe et archive les différents films argentiques qui peuvent passer par son bureau. Secrètement amoureux de sa collègue Cherryl Melhoff (Kristen Wiig), harcelé par son nouveau patron (Adam Scott); Walter est clairement incapable de s'émanciper ou de passer à l'acte. Toutefois ce dernier s'imagine, au cours de rêves éveillés, vivre différentes aventures plus ou moins excentriques... enfin plus excentriques que moins. Mais un évènement va le pousser à sortir de sa torpeur : lorsque Sean O'Connell(Sean Penn), un célèbre photographe de guerre va lui envoyer un ensemble de négatifs, mais qu'il lui manquera le plus important : le négatif 25. Walter s'engagera alors dans une quête afin de retrouver ce fameux négagatif, mais en chemin il trouvera bien plus.

Alors, c'est bien ?

Bah oui mes petits caramels mous, c'est plutôt bien. Bien sur l'oeuvre de Ben Stiller compte de nombreux défauts que je vais traiter un peu plus loin mais je demeure surpris quand je constate l'accueil critique mitigé qu'il a reçu Outre Atlantique. Car oui la Vie rêvée de Walter Mitty est un très bon film et assurément MA bonne surprise de ce début d'année 2014.

Alors allons y commençons par le chiant, la gonade dans le pâté, ce qui fâche d'entrée de jeu : l'aspect trop "sage" du film... trop convenu. C'est un peu une constante chez Ben Stiller. Souvenez vous ses précédents films et en particulier de Disjoncté avec Jim Carey et surtout Tonnerre sous les Tropiques. On a là deux films avec de très bonnes idées de scénario. Dans Disjoncté le personnage de Jim Carey est clairement une victime de la vision tronquée que fini par lui donner la télévision, ce dernier idéalisant sa vie comme si elle n'était qu'un soap opéra. Dans Tonnerre sous les Tropiques, derrière le délire se trouve une vision très pertinente d'un système Hollywoodien en dérive. Le problème de ces films : l'impression que Stiller a un moment cherche à rentrer dans les "clous" en adoptant des structures narratives aussi classiques que prévisibles. Et c'est encore une fois le problème avec la Vie rêvée de Walter Mitty.

Oui le film est beaucoup trop sage et sa trame accuse une certaine prévisibilité qui entâche le plaisir de la découverte. Le tout n'est pas aidé par une explosion du Clichénomètre et ce dès les premières minutes du film. Autant vous le dire, on passe par toutes les figures imposées : le patron tête à claque, le héros timide qui stalke sa collègue qu'il n'ose pas approcher... Même certains "gags" sont de l'ordre du repompé tels que le classique "Hé je répond à un salut qui ne m'était pas adressé". Et même dans les éléments perturbateurs, on utilise des clichés dont un que je ne révèlerais pas pour ne pas vous spoiler mais qui est source d'un quiproquo mille fois vu auparavant au cinéma. Et là où Walter Mitty n'a vraiment pas de bol, c'est qu'à l'inverse d'un film tels que Warrior de Gavin O'Connor, qui lui aussi use et abuse des stérotypes, sa forme ne lui permettra pas de les rendre tolérables aux yeux de certains. Attention je ne dis pas qu'il est mal réalisé, loin de là mais ça je vais en parler après. En revanche, là où Warrior va opter pour une réalisation assez "naturaliste" avec des effets de mise en scène sobres mais efficaces qui nous permettrons de nous immerger dans l'histoire; la Vie rêvée de Walter Mitty est clairement "Hollywoodien". Ce faisant le côté artificiel de cet aspect va rendre encore plus difficile l'immersion de certains spectateurs et ainsi rendre ces derniers moins complaisant quant à l'abus des fameux clichés.

Mais là vous êtes en train de vous dire :"Bon bah ce film craint, il ne faut pas que je perde mon temps à le voir" et là je vous réponds "Non pauvres fous, vous vous fourvoyez !". Car ces défaut que je vous cites, ils ne sont que l'arbre qui dissimule une forêts de très bonnes idées. Alors oui clairement si vous êtes cyniques, vous vous arrêterez aux maladresses que ce film peut accumuler, mais si vous cherchez un tant soi peu à comprendre le film et ses intentions, vous comprendrez qu'il est pétri de fulgurances parfaitement louables. Souvenez vous de ma critique d'Only God Forgives (vous aurez remarqué que j'aime faire des comparaisons pas évidentes). Dans cette dernière je reprochais au film de Nicolas Winding Refn d'avoir livré un film bourré de qualités mais ces dernières seront plombées par des effets vaseux ayant pour but de les mettre encore plus en avant, achevant de conférer au film un côté ultra prétentieux et superficiel. Ainsi du positif résultait du négatif. Et bien Walter Mitty c'est l'exact opposé. Du négatif résulte le positif. 

Et là vous vous dites "Mais comment fait il ?". Et bien simplement il a l'avantage d'être dôté, à l'inverse du film de Refn, d'une incroyable qualité : de l'intelligence. Car oui, sous les clichés et la narration convenue, il se cache comme je l'ai dis plus haut de très bonnes idées de scénario. Pourquoi est ce qu'il y a des clichés ? Simplement parce que ces derniers nous mettent dans un monde qu'il est facile d'identifier et on cerne d'autant mieux le personnage de Walter Mitty, ses enjeux et ce vers quoi il doit progresser. Et là je met le doigt sur LA qualité du film, à savoir le traitement de son personnage principal. Fils illégitime de Pierre Richard, Stiller parvient à offrir une interprétation drôle et touchante. On ressent qu'il a une vraie affection pour le personnage au fur et à mesure que l'intrigue s'écoule. Ainsi le film parvient subtilement à nous faire comprendre comment il en est arrivé à être cet homme si effacé et ne se contente pas d'un "Olol c'est un pauvre looser qui n'a jamais vécu sa vie". Il prend la peine de l'expliquer de manière certes classique mais tout à fait crédible et intelligente. Et tout le film poursuit ce but : nous faire voyager aux côtés de Walter et assister à sa métamorphose. Et même si des fois il va être maladroit, le scénario parvient toujours à conserver ce cap : nous faire assister à l'évolution de Walter, voir comment ce dernier en vient à grandir.

Cette évolution est décrite en empruntant les bases du fameux monomythe de Campbell. En effet Walter, homme ordinaire, va être poussé à l'aventure malgré lui, à la recherche d'un objet mystérieux (le négatif 25). Il sera poussé dans cette quête par un mentor, rôle qui est tenu indirectement par le personnage de Sean O'Connell. Dans son parcours, Walter vivra plusieurs péripéties, fera de nouvelles rencontres et tout cela permettra au personnage de mûrir émotionnellement parlant. Mais là où le film est très réussi c'est que cette structure narrative on ne peut plus classique est incorporée intelligemment dans le sens où Stiller ne vous la met pas sous la tronche tels un exhibitioniste pas tenté; mais au contraire il cherche à incorporer ses éléments naturellement à son récit et de façon fluide. Et là où le film est d'autant plus intéressant c'est qu'il prend la peine de nuancer son propos.

"T'as vu ? C'est le père Noël !"

"T'as vu ? C'est le père Noël !"

Cesse de rêver ta vie et vis tes rêves

C'est par cette citation quelque peu téléphonée qu'il serait aisé de résumer la Vie rêvée de Walter Mitty. Sauf que... non. Il ne se contente pas de mettre ce message très cliché. Encore une fois, subtilement il apportera de la nuance à ce dernier et en particulier dans une fin que l'on aurait trop vite tendance à qualifier de "classique". Certes elle l'est dans la forme, en revanche dans le fond c'est encore une fois bien vu pour peu que l'on prenne le temps de s'y attarder.

Mais trève de développement sur les thématiques. Car disons le mais même sans trop s'y attarder on peut apprécier le film qui témoigne de belles qualités formelles que je me dois d'évoquer. Tout d'abord commençons par la réalisation. Alors si la narration est classique, il faut au moins reconnaitre que la mise en scène de Ben Stiller est vraiment belle à voir. Si les phases de rêves éveillées sont assez inexploitées et peuvent arriver comme un cheveu sur la soupe, on comprend parfaitement que le film a pris le parti d'intégrer ces dernières comme étant une composante du personnage et non de l'intrigue, les reléguant assez vite au second plan. Toutefois elles donneront lieu à quelques jolis effets et surtout une séquence jouissive pastichant les films d'actions qui se permet d'être plus intense et lisible que ces fameux films qu'elle parodie. Mais là où la Vie rêvée de Walter Mitty décolle vraiment d'un point de vue formel c'est lorsque le voyage de notre héros commence. De par une utilisation assez judicieuse des plans d'ensembles alternant avec des gros plans, Stiller parvient à décrire parfaitement comment Walter perçoit les environnements et personnages qu'il va être amené à fréquenter. D'ailleurs soit dit en passant, on aimerait être à sa place, surtout dans le passage en Islande où les paysages de toute beauté magnifient cette histoire. D'ailleurs je salue la pertinence de Ben Stiller qui a privilégié les prises de vue réelles et le tournage en décors naturels, allant même jusqu'à effectuer un plongeon dans l'Océan Atlantique plutôt que de filmer cette scène en studio dans un réservoir. De plus il a minimisé les effets numériques et encore une fois c'est appréciable. Et dernière bonne idée : le choix de pellicule argentique. D'avance c'est un choix fait pour coller au métier du personnage principal mais surtout cela permet une très belle photographie. Sérieusement d'un strict point de vue formel, c'est un film beau à regarder.

D'autant plus beau à regarder qu'à écouter d'ailleurs. Le top étant lorsque l'on couple les images à la BO composée par Theordore Shapiro pour les thèmes "orchestraux" mais avec aussi l'implication de José Gonzàlez. En prime le film se permet d'emprunter certaines pistes telles que le Space Odity de David Bowie (avec en bonus une très belle reprise par Kristen Wiig). Encore une fois la BO de ce film contribue à la plus grande réussite de ce dernier : inciter son spectateur au voyage et à la découverte. Rien à dire, au niveau des musiques, les choix sont tout à fait judicieux et c'est superbe à écouter.

Là sans transition, je vais évoquer l'interprétation des acteurs. Je vais faire assez vite : ils sont très bons. D'avance il est agréable de pouvoir revoir Sean Penn bien jouer, ce dernier ayant laissé de tristes mais jouissifs souvenirs avec son interprétation dans Gangster Squad. Après il fait une petite apparition dans le film de Stiller alors inutile de m'attarder sur ce dernier. Adam Scott est plutôt bon en jeune loup tête à claque. Quant à Kristen Wiig, disons qu'elle est surtout là pour être le "moteur" émotionnel de Walter et son personnage ne se distinguera pas outre mesure, après l'alchimie est là il faut le reconnaitre. Sinon on remarquera aussi la présence de Shirley Maclaine interprétant Edna le mère de notre héros. Mais celui qui convainc encore une fois c'est Ben Stiller. Bon pour être honnête il ne change pas tant que ça du registre qu'on lui connait. Mais force est de constater que c'est bien ici que son jeu est le plus pertinent et au risque de me répéter il est vraiment touchant dans le rôle de Walter Mitty. Son envie de bien faire, décelable dans sa réalisation, est toute aussi palpable dans son interprétation. Encore une fois du beau boulot.

Pour conclusionner :

The Secret Life of Walter Mitty est un bon film qui bien qu'il part avec de sérieux désavantages de par sa construction convenue, parvient habilement à se rattraper grâce à un scénario plus malin qu'il en a l'air à première vue. Il y a une vraie sincérité derrière ce projet et l'implication de Ben Stiller est indéniable. Il signe ainsi l'une de ses oeuvres les plus ambitieuses en terme de réalisation ainsi que l'une de ses meilleures interprétations. Les plus cyniques pourront toujours pester contre la maladresse derrière certains passages, toutefois le postulat qui est de nous faire vivre le parcours initiatique d'un personnage attachant est amplement respecté. Et pour conclure on a surement LE film qui ne vous donne qu'une envie une fois sortie de la salle de cinéma : prendre votre sac à dos et voir du pays. Après tout ne dit on pas que les voyages forment la jeunesse ?

 

La Vie rêvée de Walter Mitty : comme un cauchemar éveillé ou vraie réussite ?
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C
Excellent papier de votre part qui remet les points sur les ''i''! Ce film, même s'il n'a évidemment pas la trempe d'une Palme d'Or ou d'un Oscar et que la critique est parfois cruelle, est un excellent divertissement qui mérite d'être vu. On retrouve cette magie du film qui nous fait voyager et voir des nouvelles contrées. La performance de Ben Stiller est comme si bien dit ''touchante''. La photo est incroyable et les décors naturels magnifiques. La B.O est parfaitement en harmonie avec le film. Une belle surprise.
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H
Merci pour ce commentaire. En effet comme vous le dites si bien, il est évident que Walter Mitty n'est pas le film de l'année et qu'il y a plus original et mieux. Toutefois c'est clairement le genre de divertissement agréable à regarder qui mérite que l'on s'y attarde pour deux petites heures.

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