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The Temple Of Whiskers

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THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Blockbusters de l'été : Baby Driver, la cool attitude ! (2/4)

Publié par yoyo114 sur 3 Septembre 2017, 11:08am

Catégories : #Sorties Ciné, #Dossiers Ciné

Deuxième volet de la série d'articles sur les blockbusters de l'été qui, quand je l'aurai terminée, me vaudra pour l'éternité une réputation de blogueur grincheux n'aimant que les films d'auteurs zouzbèkes. Réputation que j'avais déjà mais dont j'espérais bien me débarrasser, car après tout, sous la carapace du méchant critique se cache un coeur qui bat. Mon collègue Hunter en sait quelque chose, lui que l'on découvre parfois bienveillant et sensible, alors même que ses deux hobbies favoris sont de démolir les navets de Winding Refn, et les femmes (et les femmes dans les navets de Winding Refn). Sachez donc que, même s'il nous arrive d'avoir la dent dure, nous restons des humains comme les autres. 

Rassurez-vous, je ne vais pas descendre en flèche Baby Driver, puisque somme toute, j'ai passé un bon moment devant ce nouveau film d'Edgar Wright. Mais comme pour Dunkerque, j'ai ressenti une légère déception après coup : car avec son potentiel, Baby Driver aurait pu être beaucoup plus qu'un "sympathique blockbuster". Avec son argument tenant en une phrase - l'histoire d'un jeune homme surdoué du volant qui aide des mafieux mais veut se ranger car il est amoureux d'une gentille fille mais doit faire une dernière mission qui va mal tourner - et son postulat original - le-dit jeune homme écoute en permanence de la musique avec ses écouteurs - on tenait là une promesse de film d'action musical millimétré, où chaque scène de poursuite en bagnole servirait de chorégraphie à un morceau de rock. Vous le sentez, le degré de fun, avec un tel postulat de départ ? Vous le sentez, ce blockbuster ultime, à côté duquel les films de Tarantino pourraient passer pour des oeuvres académiques et austères ? Peut-être même avez-vous peur, devant une telle promesse de cinéma, de faire un arrêt cardiaque à l'issue de la projection ? Eh bien, rassurez-vous, ça n'arrivera pas ! Car, passé un superbe quart d'heure d'introduction, le film s'évertue à NE PAS exploiter son potentiel de départ. Reste un film fort sympathique, à la réalisation impeccable, idéal pour une soirée pizza entre potes le samedi soir. C'est déjà très bien, me direz-vous. Certes... Mais ça aurait pu être plus. 

Blockbusters de l'été : Baby Driver, la cool attitude ! (2/4)

En fait, si je devais faire un compliment (car rappelez-vous, je reste un brave type indulgent sous mes dehors de raclure), je trouve qu'on regarde Baby Driver comme on enfilerait des chaussons. Au bout d'une demi-heure, on sait quels vont être les prochains rebondissements de l'histoire, mais c'est pas grave, parce qu'on est entre de bonnes mains. Edgar Wright aux manettes, qui n'est pas un manche, loin de là. Mine de rien, ça fait plaisir de voir un film d'action bien cadré, où les scènes d'actions ne sont pas montées de manière épileptique, où filmées à l'épaule par Jean-Michel Parkinson. On a, en prime, une brochette d'acteurs parfaits dans leur rôle, entre sérieux et dérision : j'ai un petit faible pour Jon Hamm, que je nconnaissais par Mad Men, et à qui le rôle du gangster amoureux va comme un gant. Bien sûr, on sent que Kevin Spacey cachetonne, mais de base il est si prodigieux qu'il peut nous combler même en faisant le service minimum. Quant à Baby, le héros éponyme, il est interprété par Ansel Elgort, qui... bah... s'en sort pas mal. Disons qu'il a cet air de petit minet malheureux un peu agaçant, mais que dans le contexte, ça fonctionne bien. 

Mais j'en reviens à ma grande réserve au sujet de Baby Driver : on pouvait espérer davantage ! Nous avons donc un héros qui passe son temps à écouter une playlist. Il habille son quotidien par la musique. Excellente idée, d'autant que ce personnage dit quelque chose de notre époque. Avant, on n'écoutait la musique que par la radio (donc soumis à l'arbitraire du programme de la station) ou par les vinyles, mais là encore, c'est un choix restreint. Aujourd'hui, on dispose d'un accès illimité à la musique, et l'on peut donc choisir, à tout moment, le morceau que l'on souhaite. On peut devenir un compositeur de film, en quelque sorte, et choisir le thème qui convient à notre humeur du jour. C'est d'ailleurs ce que fait Baby au début du film : selon qu'il participe à un braquage de banque, ou qu'il aille juste chercher des cafés, il adapte sa playlist. La raison de sa "dépendance" aux écouteurs est d'ailleurs expliquée au cours du film : une explication très grosses ficelles, mais que l'on peut voir comme une forme d'auto-parodie.

Le problème, c'est qu'au bout d'une demi-heure, la musique n'est plus qu'un gimmick, qui revient par intervalles, mais ne devient jamais le "moteur" du film. La promo nous répète que la bande-son a été choisie en amont par Wright, pour construire les scènes au rythme de la musique. Eh bien franchement, si c'est pour en arriver à ce résultat ! Une bonne scène d'ouverture. Deux trois moments où les détonations collent au rythme de la batterie... Mais pour le reste... Le minimum syndical aurait été de bâtir une scène d'action finale autour d'un incontournable du rock. Lors de la préparation du casse, Buddy demande à notre héros quelle est sa playlist "ultime". On devine alors que, dans Baby Driver, la musique est une arme. Il faut choisir la bonne musique pour triompher, de la même manière que, dans les westerns, il faut choisir le bon pistolet pour le duel final. On apprend donc que Baby est fan du morceau "Brigthon Rock", de Queen. Alors, pourquoi ne pas mettre ce morceau comme point d'orgue d'une grande poursuite de fin ? Ou Sultans of Swing, ou Child in Time, que sais-je ? Eh bah non. On va devoir se contenter d'un petit règlement de compte en sous-sol, sans musique notable. On dirait presque que c'est fait exprès. Pour un film de voitures, terminer par une fusillade dans un parking, ça sonne comme un aveu d'impuissance. Non ? 

Blockbusters de l'été : Baby Driver, la cool attitude ! (2/4)

Alors, vous allez me rétorquer : "mon cher Yoyo, tu critiques le film sur ce qu'il n'est pas. C'est mal". Et vous auriez raison. Après tout, le film n'est pas obligé d'aller vers le fun à tout prix. J'attendais un grand morceau de rock à la fin, mais le film a le droit de proposer autre chose. Mais, dans ce cas, qu'est-ce que Baby Driver propose ? On ne peut pas dire qu'il soit percutant sur son intrigue policière. Au contraire, Wright joue en permanence la carte du second degré. Les personnages sont des archétypes du film de gangsters. La jolie serveuse dont Baby tombe amoureux veut partir avec lui vers l'Ouest. A la fin, Kevin Spacey devient soudainement gentil, pour une raison qui n'est acceptable que si le film est à prendre au second degré. Donc, pendant deux heures, on accepte un scénario ultra-cliché, parce qu'on se dit : "oui, mais c'est fait exprès, et puis, ce qui compte, c'est la musique et les voitures". Sauf que, comme je l'explique plus haut, le film n'exploite pas ce potentiel là non plus. Ma scène préférée du film, génialement filmée, est d'ailleurs une scène où le héros s'enfuit... à pied ! 

En conclusion, j'admets volontiers que Baby Driver est un film agréable à voir. Je ne me suis pas ennuyé devant. Mais je ne comprends pas l'engouement autour. Je n'y ai vu qu'un simple blockbuster, bien fichu, qui aurait pu être génial, mais qui épuise son potentiel au bout d'une demi-heure. Est-ce un problème de contraintes hollywoodiennes ? On sait que les producteurs, sur les films à gros budgets, ont des exigences de plus en plus ahurissantes, qui empêchent les films d'affirmer leur originalité. J'ai l'impression que Baby Driver souffre de ce problème. Il aurait pu être singulier, mais reste dans des sentiers très balisés. Je me trompe peut-être : on sait qu'Edgar Wright a refusé de réaliser Ant-Man car les contraintes du studio étaient trop lourdes. Peut-être que je deviens juste trop exigeant...

A bientôt pour le troisième volet de cette revue des blockbusters de l'été. Le film que je chroniquerai la semaine prochaine n'a pas reçu le même accueil dithyrambique, puisqu'il s'agit du dernier Luc Besson, "Valérian et la Cité des mille planètes". Film que j'ai plutôt aimé, mais qui, comme pour les deux précédents, ne réalise pas complètement son potentiel. Décidément ! 

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