Je sais, pour le coup je suis plutôt en retard puisque Ted est déjà sorti depuis presque un mois en France, et en ce moment atteint assez difficilement le million au box-office international et s'apprête dans quelques semaines à sortir des salles françaises, ce qui me permettra peut-être d'ailleurs de faire un lien avec ma critique de Moi Député où le film était alors typiquement ce genre de comédies américaines passée inaperçue en France, mais voilà, le fait est que ce n'est pas vraiment totalement le cas pour Ted, car partout il est allé Ted n'est pas passé inaperçu, la raison principale étant qu'on pourrait résumer le film comme cela : une vision de l'amitié à travers celle entre un trentenaire grand adolescent et son ours en peluche qui a trouvé la vie par magie quand il était enfant. Ouais, rien que ça.
Ours en peluche, vous avez dit un ours en peluche ?
Pour commencer, et puisque je ne compte maintenir aucun suspense en vous disant que Ted est un excellent film, autant parler de sa qualité principale : Le personnage éponyme-pas-pour-rien, Ted ; et c'est simple, quand on est plus dérangé par le fait que ce film contient tout de même un ours en peluche vivant qui s'offre entre autre des rendez-vous avec des call-girls (ah oui, fixons ça tout de suite, c'est... Pas vraiment un film à aller voir en famille, d'accord l'affiche française montre deux amis souriants tenant des bouteilles d'al... Non, de ketchup, et offre la perspective d'une belle love-story, mais... Non, regardez la bande-annonce d'abord, chers parents...), c'est que ce personnage marche.
Normal, il est vivant, mais il marche dans le sens où la subtile association de la réussite technique et de la réussite du personnage font qu'on n'y croit, on croit à la "réalité" de ce personnage qui incarne tour à tour différente facette de l'amitié : l'ami idéal, avec qui vous vous tapez des barres de rire (ainsi qu'un peu de fumette, pourquoi pas...), avec qui vous partagez tout, etc, mais aussi l'ami boulet, qui vous empêche d'avancer, surtout si une petite amie de longue date se met entre les deux. On parlera de la romance plus tard, mais autant dire que de ce niveau-la, par titre de comparaison, on pense souvent à Shaun Of The Dead, qui exploitait à peu près le même filon de romance encombré par un bon copain, mais surtout un bon boulet interprété par un Nick Frost qui il faut le dire était quand même bien moins trash que le petit ours en peluche dont on parle, ce qui est pour le coup plutôt contradictoire. Décalage, quand tu nous y tiens...
Mais alors, à ce moment-la vous me direz qu'au fond le personnage de Ted n'a qu'une différence visuelle avec un "Nick Frost" basique, le colocataire débordant un peu trop sur la vie de son "pote du tonnerre" (non ce n'est pas une nouvelle expression étrange de ma création, regardez le film, vous comprendrez et basta...), mais heureusement, Seth McFarlane, réalisateur du film, arrive bien à doser son personnage, entre son assimilation d'un pote au final basique, avec le vocabulaire et le bon language qui va avec, et entre l'assumation de son côté fantastique (c'est quand même un ours en peluche, bordel !), qui fait qu'au final, on ne peut pas remplacer Ted par un être humain, ou alors à ce moment-la certaines scènes pourraient véritablement devenir malsaines... Bref, ce qu'on peut conclure de tout ça, c'est que l'état d'ours en peluche de Ted a autant sa place dans le film que "mange" a sa place dans la phrase "je mange des ours au p'tit déj'". Bah, oui, sans "mange", la phrase perd tout son sens... 'Comprenez la comparaison ?
Romance, vous avez dit... Mila Kunis ?
Bref, on peut donc dire cela de Seth McFarlane : il maîtrise son film, et arrive même à lui donner un tout petit peu de profondeur (mais pas trop quand même) ; ainsi, si certaines âmes sensibles (ou certains parents qui ne m'auraient pas écouté) n'y verront qu'un assemblage de gros mots et de scènes tout de même assez trashs, d'autres comme moi y verront d'autres choses, car on s'attache tellement aux personnages, il faut dire que c'est d'ailleurs une des premières fois que Mark Whalberg donne son charisme au profit d'une comédie de ce genre, il faut aussi dire que Mila Kunis est assez jolie, que par-ci par-là on trouve quelques petits bouts d'émotion, dans cet histoire qui mine de rien place son principal argument narratif dans une histoire romantique : celle-ci est d'ailleurs bien dosée, et dès qu'on tombe un peu dans le pathos, le film continue de nous surprendre sans vraiment véritablement tourner dans la comédie romantique : le film maintient un ton outrancier pendant presque tout le long, mais c'est là qu'on arrive à un des défauts de Ted.
Défaut, vous avez dit... Une intrigue secondaire bizarre avec Ryan Reynolds ?
En effet, le film dispose d'un étrange retournement de veste vers la fin du film, où une intrigue secondaire plutôt cocasse se voit un peu mal exploitée pour donner un avant-final un peu trop cassant avec la tonalité à laquelle nous avait habitué le réalisateur : les gags sont moins nombreux, il essaye d'instaurer du suspense et de l'intensité, mais somme est de constater que même si l'idée est louable, le résultat est un peu disloqué, et a l'air de servir de facilité pour amener un final qui pourtant se rattrape en terminant le film dans le bon sens : ça tire sur tout ce qui bouge et c'est souvent hilarant.
Car en effet, vous pouvez oubliez tout ce que je viens de vous dire : vous n'avez même pas besoin de voir la vision touchante sur l'amitié pour profiter du film, vous n'allez même pas pester sur une avant-fin un peu bizarre puisqu'on le pardonne au film, puisque Ted, c'est avant tout un film à aller voir entre amis puisque le résultat arrive à des pics d'hilarité surprenants, d'autant plus que ne connaissant pas Family Guy, la série animé qui a rendu célèbre son créateur, j'ai pu profiter encore plus d'un humour que certains disent soit-disant un peu rebondant pour ceux qui regardent la série : ça fait du bien, ça parle de Flash-Gordon, c'est outrancier, vulgaire, décalé, déjanté, bref, des barres de rire et nous voilà face à la meilleure comédie américaine depuis longtemps !
Joey Starr, vous avez dit la pire vf de l'année ?
Aussi, finissons-en en parlant de la voix française de Ted, interprété par Joey Starr en vf donc, et... Contrairement à de nombreux spectateurs, autant vous dire que je ne vais pas crier au scandale, même s'il faut dire qu'au début ça fait vraiment très tâche quand celle de Seth McFarlane justement dans la VO était parfaite, mais au final, on s'y habitue, et puis on se dit qu'au fond, faire tâche n'est-il pas un des buts du film ? Oui, je sais, cette justification est plutôt pitteuse, mais la voix de Joey Starr n'est pas tellement aberrante dans le sens où elle créé le décalage voulu dans le film. Allez donc vous plaindre à l'office d'exportation du cinéma en France, mais bon pour ceux qui ne supportent pas la voix de Joey Starr je conseille néanmoins de le regarder en VOSTFR, puisque je reconnais que ce n'est clairement pas le meilleur doublage de la décennie... Mais, maintenant, à mon tour de faire parler ma voix puisq'il est temps de conclure...
Conclusion, vous avez dit que je dois arrêter avec les "vous avez dit" ?
C'est un fait : Ted mérite son énorme carton aux united states, Ted aurait mérité un plus grand succès en France : Alors, oui, c'est énormément vulgaire et ça peut quelque fois choquer les pauvres prépubères de 12 ans comme moi, mais voilà, rien que pour le personnage excellent de Ted qui dépasse sa condition non seulement d'ours en peluche, mais aussi sa condition de gadget numérique dans laquelle il aurait pu s'enfermer, pour devenir un véritable"character", attachant, outrancier, tout aussi réaliste que décalé dans cette vision déjantée de l'amitié. Ce n'est pas parfait, mais c'est parfaitement drôle, malgré des erreurs de goût vers la fin du film et quelques défauts pas si graves, puisque le film lui aussi dépasse sa condition de simple concept étrange pour devenir une véritable comédie attachante, avec de bons acteurs, une romance bien traitée qui n'en fait pas trop et très bien combinée avec un humour vraiment très trash qui pourra peut-être paraître un peu lourd pour certains : l'avertissement est mérité.
NOTE : 4/5
A voir avec des enfants si vous voulez qu'ils vous posent plein de question sur Garfield, sur les filles assises sur le canapé sur l'image plus haut, sur Flash Gordon, ou encore sur pourquoi Ted se met de la colle blanche visqueuse sur le visage pour draguer une fille...