Presque 5 ans après avoir créé la surprise avec Distict 9, son premier long métrage, Neil Blomkamp nous reviens avec ce Elysium. Est ce que cette seconde réalisation va combler nos attentes ou les décevoir ?
De quoi ça parle ?
En l'an 2154 après la naissance d'un énième mec qui deviendra barbu, Max (Matt Damon) est un modeste ouvrier, ancien criminel repenti, vivant sur Terre. Une Terre qui est saccagée, polluée, où la majorité de la population s'entasse dans des bidonvilles et survie avec l'espoir de pouvoir quitter leur misérable quotidien et aller sur Elysium. C'est là où vivent les plus fortunés, une station orbitale ou même la maladie n'est plus qu'un lointain souvenir. Et c'est là où Max cherchera à aller par tout les moyens possibles.
Allez je suis sympa, je fais plaisir à mon public féminin en intégrant la photo d'un musculeux chauve tatoué...
D'où ça vient ?
Comme je l'ai écris plus haut, Elysium est le second film du réalisateur que l'on a peut être trop vite érigé en génie, Neil Blomkamp. Mais ça j'y reviendrais plus tard.
Mais kesaki Neil Blomkamp ? Simplement le petit protégé de Peter Jackson. Mais qu'est ce qu'il a pût faire le bonhomme pour s'attirer les grâces de celui qui est aujourd'hui considéré comme étant un demi dieu par les amateurs d'anneaux et de petits hommes aux pieds velus ? En premier lieu, il s'est illustré dans le domaine de la publicité et en particulier dans la réalisation de spots commerciaux pour la série de jeux vidéos Halo. Son style se distinguant par une approche quasi documentaire mais ne négligeant pas le spectaculaire à tout de suite tapé dans l'oeil du réalisateur néo zélandais. Il sera d'ailleurs impliqué dans le projet de la réalisation du film Halo avant que ce dernier ne clapote dans la peinture, la faute à d'obscures raisons financières.
Ici la belle brochette de vainqueurs responsables du succès de District 9. De Gauche à Droite nous avons Sharlto Copley, Peter Jackson et Neil Blomkamp.
Toutefois Jackson était bien décidé à laisser sa chance à Blomkamp. Il lui confia un budget de 30 000 000 $ et une grande liberté artistique pour réaliser son premier film : District 9. Et c'est un succès aussi bien critique que public. En effet rien que sur le seul sol américain, le film engrange plus de 115 000 000 $ de recettes. District 9 est un film de science fiction passionnant et intelligent mais aussi très réussi d'un point de vue formel.
C'est ainsi que doté d'un budget de plus de 100 000 000$ et d'un surplus de confiance, que Blomkamp peut se tourner vers son second projet : Elysium.
Et c'est bien ?
Deuxième film, deuxième incursion dans la SF. Avec ce Elysium, le jeune réalisateur sud africain impose clairement son style : c'est violent, voir gore, ultra référencé et un poil politisé. Dans le chapitre des références on peut en déceler une nous évoquant le manga Gunm et cela rien que dans le postulat de départ. Pour vous donner un ordre d'idée, laisser moi vous poster la description Wikipedia :
"L'histoire de Gunnm est une uchronie dystopique basée sur une catastrophe écologique due à la collision d'une météorite avec la Terre, amenant l'humanité au bord de l'extinction. Zalem est une ville suspendue qui déverse ses ordures sur Kuzutetsu – la décharge – où la lie de l'humanité survit dans la violence. Cette histoire raconte la renaissance d'une cyborg amnésique qui va chercher un sens à sa vie."
Avouez que ça y ressemble un peu beaucoup quand même.
Mais ce qui constitue sans doute la plus grosse inspiration de ce Elysium c'est District 9 himself. Beaucoup trop à mon goût d'ailleurs. Comprenez bien que je n'ai rien contre le premier film de Neil Blomkamp, bien au contraire, je l'adore. En revanche de là à me payer une place de cinéma pour me manger un quasi District Bis, je suis moins fan de la conceptualisation du concept. En effet il y a de nombreux point communs dont je vais en faire le récapitulatif rapidement :
- un héros un poil égoïste ou en tout cas ultra individualiste qui va se retrouver traqué par différentes factions aux buts opposés pour quelque chose qu'il a en lui.
- un militaire acharné voir haineux qui risquera d'outre passer les ordres juste pour "faire la peau" au héros.
- Le personnage de Frey et de son insupportable gamine qui seront ni plus ni moins le réveil émotionnel du héros tels Christopher et son fils dans District 9...
Après on ne pourrait y déceler que des thématiques communes, mais il faut admettre que dans la forme c'est tellement proche du premier film de Neil Blomkamp que l'on peut avoir cette impression de redite. Bon après j'exagère un poil car finalement Elysium est plus linéaire dans son approche et surtout beaucoup moins inventif que ne l'est son grand frère.
Enfin bref tout cela m'offre une transition plus ou moins habile pour vous parler du scénario et de son exploitation. En soi le postulat de départ n'a rien de manichéen. Et là je vois déjà les futurs rédacteurs en herbe du Figaro me hurler qu'il s'agit d'une propagande gaucho-communo-bolchevo-marxiste. Alors là je vous arrête de suite : venez me dire en face qu'un monde dans lequel les richesses ne sont pas équitablement distribuées, dont la production de ces dernières dépend de la majorité mais dont la jouissance n'appartient qu'à une minorité privilégiée; n'est pas crédible. Allez venez, venez me dire ça en face, je vous attends !!! Plus sérieusement, loin de moi l'idée de virer dans le politico moralisme mais avouons le : c'est le monde dans lequel vous et moi nous vivons. C'est un fait. Le film ne fait qu'extrapoler cette réalité pour l'introduire dans un univers science fictionnel.
En revanche là où le film devient manichéen c'est dans le traitement de ce sujet ou plutôt le non traitement de ce dernier. Car oui au final, passé l'introduction, le film se concentre uniquement sur "l'action" et oublie son sujet. Elysium n'est plus qu'un enjeu là où il aurait pût être le reflet de notre société occidentale et ainsi le film aurait gagné en substance et en nuance. Car finalement les Elyséens sont ils d'immondes raclures de bidet égoïstes ou simplement nous, peuples occidentaux vivant dans une bulle nous écartant des préoccupations des "peuplades" moins privilégiées que nous. Et si dans les fait on serait tenté de pencher pour la seconde option, finalement c'est la première qui est retenue. Les seuls Elyséens que vous verrez sont de simples connards et la fin amplifie cette idée d'un égoïsme gratuit. Pourquoi ne pas avoir traité plus en profondeur les travers de notre société occidentale et ce qui empêche cette dernière de davantage se tourner vers les autres peuples moins bien lotis et de les aider. Et là en mon sens le film fait dans le scandale facile. Oui ça choque mais finalement c'est dénué de toute forme de réflexion réelle. Et en cela le film passe à côté de son sujet.
Le futur c'est un peu le bordel m'voyez...
Mais cessons de nous focaliser sur ce que le film aurait pu, ou plutôt dû, être et regardons ce qu'il est finalement. Déjà évoquons la forme. Artistiquement parlant c'est une réussite. Les effets visuels superbes, au rendu quasi photo réalistes et judicieusement employés, nous immergent complètement dans cette vision dystopique de notre chère planète bleue. Et c'est tout... Non sérieusement je trouve que pour un génie, Neil Blomkamp a vite fait de sombrer dans les travers des réalisations actuelles. Ses scènes d'actions sont à la limite de l'illisible avec une caméra ne cessant de bouger rapidement et dans tout les sens. De temps en temps il nous impose quelques ralentis, histoire que l'on voit quelque chose... Autant ce style très "pris sur le vif" collait parfaitement avec District 9, autant là j'aurais apprécié que le film prenne davantage son temps et surtout se pose. Que ce soit dans sa mise en scène mais aussi dans son montage.
Bordel que tout ça semble précipité. Non seulement le scénario n'est jamais clairement exploité dans son postulat de départ, mais surtout jamais le film ne prend son temps pour se concentrer sur quoique ce soit. Les personnages sont intéressants, mais jamais vraiment attachants si l'on excepte ceux de Spider (Wagner Moura) et Julio (Diego Luna) qui sont pour moi les plus humains de ce long métrage et ont les réactions les plus crédibles. Matt Damon n'est pas mauvais non plus, seulement, précipitation oblige ses "émotions" sont vites expédiées. Jodie Foster, interprétant la très froide Me Delacourt, Secrétaire à la défense de la station Elysium, joue son rôle mais son personnage est clairement inexploité surtout dans ses motivations. On a le droit à une ligne de dialogue un peu cliché et c'est tout itou.... Sharlto Copley (Krueger) en revanche incarne un bon personnage de méchant bien barré, s'exprimant avec son accent sud africain bien atypique.
Mais plus que les personnages, c'est l'implication des spectateurs qui souffre de ce rythme ayant confondu vitesse et précipitation. A titre personnel je me suis dépêché de rédiger une critique manuscrite car j'avais peur d'avoir oublié une partie du film. Tout s'enchaine à un rythme effréné à un point tels qu'aucune scène ne m'a vraiment marqué. Cela manque de rebondissements forts d'ailleurs. Tout s'enchaine encore et encore. Dans District 9 cela ne dérangeait pas car c'était légitimé par un aspect "found footage" assumé. Seulement au risque de me répéter cet Elysium aurait gagné à prendre son temps plutôt que de nous embarquer dans une perpétuelle course pendant 1h30 (je retire le temps d'introduction et le générique du compteur).
Pour conclusionner :
Voyez vous, finalement, ce qui est le plus frustrant avec ce film c'est que malgré tout il n'est pas fondamentalement mauvais. Il se laisse suivre sans trop de déplaisir. Mais ce sont finalement toutes ces erreurs dans la forme et le montage, ces aspects inexploités dans son scénario, cette impression que finalement Neil Blonkamp n'a pas progressé dans sa mise en scène mais plutôt régressé, se reposant davantage sur un budget plus large et ayant mis de côté son inventivité; qui contribuent gâcher ce film et le font passer de bon à juste passable. En résumé ce Elysium est une sacrée déception.
Ma Note : 2,5/5
L'Avis de mr-edward :
Après la bombe que fut District 9, sorti en 2009, le second long-métrage de Neill Blomkamp était plus qu'attendu. Et c'est une semi-déception à l'arrivée. Non pas qu'il soit mauvais, juste qu'il aurait pu être encore meilleur. La réalisation est bonne, mais parfois trop brouillonne et illisible pendant certaines scènes. Il y a des éléments du scénario qui ne sont pas exploités ou alors pas assez. Le montage est parfois approximatif. Mais le film se laisse suivre. Le casting est bon, là aussi, certains personnages ne sont pas assez exploité. Il reste tout de même l'interprétation plus que jouissive et délirante de Sharlto Copley. 1H50 (voire un peu moins), c'est trop court pour traiter en profondeur un sujet aussi vaste et riche que celui d'Elysium.
Note : 3.5/5