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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Le congrès : maladie de l'image

Publié par yoyo114 sur 3 Juillet 2013, 19:09pm

Catégories : #Sorties Ciné, #Dans le Magnéto

 

Je fais partie de ces gens étranges qui, avant d'aller voir un film, se documentent au maximum, épiant les avis de la presse et du public, me renseignant sur le style du réalisateur et ses faits d'armes. Mais cette méthode possède quelques limites, notamment la désagréable impression d'avoir déjà vu le film avant même de l'avoir vu (si vous voyez ce que je veux dire). En cette belle journée d'été - gâchée par un temps pluvieux que les métérorologistes appellent "ondées" - j'ai donc décidé d'aller au cinéma les yeux fermés. Enfin, pour l'anecdote, j'ai quand même gardé les yeux ouverts afin d'éviter une collision avec les passants et les poteaux, mais je m'égare. La seule chose que je connaissais du congrès, c'était son synopsis. 

 

Imaginez un futur proche, où les grands acteurs sont scannés par un ordinateur qui enregistre toute leur palette d'émtions. Ainsi, ils n'ont plus le droit de jouer eux-mêmes : leur image est contrôlée par les studios. C'est ce qui arrive à Robin Wright, actrice en déclin qui n'a plus tourné de bon film depuis dix ans. D'abord réticente, elle finit par accepter ce programme. Ce n'est que le début d'une révolution assez effrayante. Vingt ans plus tard, les humains utilisent des drogues ultra-sophistiquées et vivent dans un monde fantasmé où tous les désirs peuvent être accomplis. 

 

 

Expliqué de cette façon, le résumé semble assez échevelé. Mais il faut reconnaître que le film l'est autant, voire plus. La première moitié est, de très loin, la meilleure du film. Dès les premières minutes, le style insolite d'Ari Folman se déploie complètement. Robin Wright joue son propre rôle, l'occasion de multiplier les scènes d'auto-dérision, toutes plus jouissives les unes que les autres. Voir un producteur expliquer à Robin Wright qu'elle a fait des mauvais choix de carrières, c'est franchement incongru. Quand, en plus, le producteur explique que son personnage virtuel devra jouer dans des films sur l'holocauste pour remporter des prix, la scène devient drôlissime et satirique. 

 

Mais le réalisateur ne veut pas faire de cette histoire une comédie caustique. C'est l'émotion qui traverse la première moitié, une émotion folle qui atteint des sommets quand l'actrice doit passer d'une émotion à l'autre, enfermée dans une immense bulle lumineuse. Le hangar aménagé dans lequel habite la famille Wright est aussi une merveille, avec les lumières des avions sur le tarmac en arrière-plan. Oui, cette partie est fabuleuse, et très poétique. 

 

 

La deuxième moitié se situe donc vingt ans plus tard. Robin Wright assiste à un congrès de la MIRAMOUNT, en tant qu'icône de cette révolution technologique. Elle découvre que le studio veut aller beaucoup plus loin dans l'univers virtuel. Ils ont inventé une drogue qui permet de devenir un personnage animé, et d'évoluer dans un monde idéal, où tous les rêves se réalisent en un simple claquement de doigt. Cette seconde moitié, en images  animées, ne convainc pas. Pourtant, Ari Folman avait prouvé qu'il avait un don pour l'animation dans son précédent long-métrage, Valse avec Bachir. Mais dans Le Congrès, cette animation est mal utilisée. Il faut dire que les deux acteurs principaux (Robin Wright et Harvey Keitel) sont lumineux : pourquoi les remplacer par des personnages animés au milieu du film ? 

 

C'est exactement ce que je me suis dit en mon for intérieur, après une heure et quart de projection : JE VEUX VOIR ROBIN WRIGHT ! Pour la première fois, on lui confie un rôle où elle peut exprimer tout son talent : pourquoi tout faire foirer ? Même si la fin est sublime, on ne peut que déplorer cette heure animée où le film se perd dans un gloubi-glouba échevelé. 

 

Et pourtant : on ressort du film globalement satisfait. Grâce à sa liberté de ton, d'abord, mais surtout parce que c'est une dénonciation très poussée de la dématérialisation. Les I-Pad, les portables, les réseaux sociaux, le cinéma de synthèse : cette maladie de l'image qui règle le monde depuis une dizaine d'années. Dans ses meilleurs moments, Le congrès rappelle ce côté S-F philosophique des films de Andrew Niccol (Gattaca, sImOnE). En l'an 2035, les gens pourront être Robin Wright, pourront boire Robin Wright, manger Robin Wright. Voilà le véritable intérêt de ce film : montrer à quel point le progrès sert de plus en plus à satisfaire les désirs égoïstes des individus, jusqu'à couper le vrai lien humain. C'est d'ailleurs ce que représente les dernières minutes du film, tragiques et bouleversantes : l'histoire d'une mère qui cherche son fils dans un monde où le lien social n'existe plus, où tout le monde vit dans son propre univers. 

 

 

Le congrès : maladie de l'image

EN BREF

 

Je ne peux pas dire que c'est un film complètement réussi, car ce n'est pas le cas. A une première moitié fascinante succède une seconde partie très confuse. Mais je préfère cent fois les films comme le congrès, libres, palpitants, insolites, aux comédies balisées qui culminent chaque année au box-office. Qu'importe les maladresses, ce qui compte, c'est l'amour du cinéma que ce film transmet, ou plus précisément la crainte d'un cinéma  (et d'un monde) aux émotions factices. 

 

Note : 3.5/5

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L
Votre article m'a fait aimer le film encore plus ! Merci.
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P
&quot;pourquoi les remplacer par des personnages animés au milieu du film ?&quot;<br /> <br /> Ben, en fait c'est exactement ce que fait la Miramount et la forme même du film prend à bras le corps ce problème en opposant justement l'animation, le papier, le dessin, à l'incarnation, au charnel...soit une opposition éternelle entre fiction/réalité qui est extrêmement intelligente à mon sens ici puisque c'est absolument le propos du film. <br /> <br /> Tu veux voir Robin Wright, soit, mais fondamentalement, elle n'existe pas vraiment, celle que tu veux voir. Elle n'existe que pour toi, c'est un de ces avatars que la &quot;vraie&quot; rencontre lorsqu'elle arrive à Abrahama. Je ne sais pas si je suis bien claire, mais je pense que le film donne explicitement la réponse à ta première question. <br /> Perso, j'ai trouvé que c'était un puta!n de chef-d'oeuvre!
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Y
j'aurais été bien inspiré pour te répondre mais le seul clavier que j'ai à ma disposition en ce moment fait autant de bruit qu'une machine à écrire, et je prends trois plombes à écrire une phrase. Mais bon, je vais te répondre quand même !<br /> Pour ce qui est du flou entre rêve et réalité, c'est la que je trouve le film un peu (trop) déconcertant. En fait, brouiller les pistes ne me gêne pas quand le réalisateur amène ça avec talent (je pense aux films de David Lynch). Malheureusement, Folman n'est pas (encore) Lynch, et je trouve qu'il a du mal à faire de son film un ensemble cohérent. Ce qui est embêtant, c'est que la première partie arrive à nous émouvoir avec une incroyable économie de moyens (quelques décors neutres, et les acteurs font le reste), tandis que la seconde partie est un déluge d'idées et d'images. Je trouve (mais c'est mon avis) que Folman se débrouille mieux quand il fait dans la sobriété. C'est d'ailleurs pour ça que j'adore la scène mélo avec Paul Giamatti. Certes, le propos verse dans le pathos, mais la mise en scène reste tout en retenue (pas de musique, simplement un jeu sur les maquillages et les couleurs du cabinet). <br /> <br /> Bref, je trouve que les deux parties prises séparément sont réussies, même si je préfère la première. En revanche, les deux parties mises côte à côte, ben... ça fait l'effet d'une greffe ratée. <br /> Et il y a un tas de passages non nécessaires à l'intrigue : histoire des nazis, passage dans les souterrains avec les fauteuils sur l'eau...<br /> Cette partie m'embête parce qu'elle ne m'a pas ému. Alors que tous les passages filmés appellent une très belle émotion. <br /> Quant au rapport technophage/technophobe, le film l'exploite très bien, mais je trouve que ça met beaucoup trop de temps à venir. Et trop noyé dans la confusion du scénario. Mais c'est mon avis, et visiblement, tu as beaucoup plus accroché à cette partie que moi. <br /> J'étais prêt à mettre 2.5/5, mais les dix dernières minutes m'ont tellement terrassé que la note a monté d'un seul coup. D'autant que ces dernières minutes, ou l'on repasse dans le monde non-animé, permet de comprendre le message du réal. Et puis j'ai oublié de mentionner la sublime bande-son !
P
Arf, un peu vexée que mon post ne t'aies pas inspiré de quoi débattre un peu plus (j'ai été voir ce film toute seule donc je n'ai personne dans mon entourage avec qui en parler!). <br /> Pour la scène finale avec Giamatti, question de goût je suppose, je l'ai trouvée un poil trop mélo. En même temps Keitel est mon dieu depuis que j'ai 12 ans, donc j'suis peut-être un peu partiale. ;)
Y
je confirme que la scène ou keitel dirige robin wright est renversante, une des meilleures du film. <br /> Mais je lui préfère la scène ou robin retrouve le docteur, après des décennies de séparation, avec ces décors très aseptisés, et puis la révélation tragique. snif, sortez les mouchoirs.
P
Oui mais la vraie Robin Wright a co-produit ce film, donc aimer Robin Wright c'est aussi aimer ses choix. A ce sujet d'ailleurs, le personnage d'Harvey Keitel est d'une beauté je trouve encore au-delà de tout ce qu'il y a dans ce film...sa lucidité, son intelligence lorsqu'il &quot;dirige&quot; Robin...punaise mais ce passage m'a tellement fait pleurer! Et j'aime qu'il obtienne justement cette &quot;performance&quot; rien qu'avec du vrai...du vécu, de l'honnêteté. Pour un acteur de son envergure, je trouve que c'est une très très belle scène, qui lui rend justice. <br /> <br /> Je ne dirai pas que le monde de la Miramount est détestable, je dirai qu'il est &quot;trop&quot; fictif pour nous dans la mesure où, à moins d'être très à part, on ne vit pas encore exclusivement dans notre tête. Là, dans cette partie animée, tous les repères sont chamboulés et je trouve que l'intelligence réside justement dans le côté hyper extrême de cette animation. Quand je dis extrême je veux dire qu'il n'y a vraiment AUCUNE recherche de réalisme contrairement aux parties &quot;docu&quot; dans &quot;Valse avec Bachir&quot; par exemple. Ouh là là, j'me rends compte que j'suis pas du tout claire! lol <br /> En fait, c'que j'veux dire c'est que normalement, pour flouter la frontière entre réel et imaginaire, on les fait se ressembler beaucoup. Ambiance &quot;Simulacre et Simulation&quot;. Alors que là, justement, ça ne ressemble à rien de connu, et l'on se retrouve dans un genre différente où, vraiment, la frontière n'existe pas. On n'est pas d'un côté ou de l'autre, on est dans les deux. Et je trouve ça hyper intéressant parce que je fais partie de ces gens convaincus que la réalité n'existe pas. Qu'il y a la nôtre et celle des gens qui nous entourent. De même que, si l'on arrivait à penser ça, à admettre ça, j'suis convaincue qu'on se friterait moins les uns les autres! Non seulement je trouve ça hyper intéressant mais je trouve que, justement, l'animation est très appropriée puisqu'elle efface tous les repères. Le seul qu'on aie vient de mots, de consignes, soit quelque chose qu'on peut oublier facilement vu que ce n'est pas visuel. Du coup, on est toujours surpris, on n'a beau l'avoir entendu, on ne sait pas vraiment comment ça marche. <br /> <br /> Après, je ne pense pas non plus que le film se dilue trop. Le coup des rebelles attaquant la Miramount, je trouve ça très pertinent et très fin quand on regarde ce qui se passe aujourd'hui. Effectivement, ceux qui ne franchissent pas le cap de la technologie n'ont pas du tout voix au chapitre. <br /> Exemple tout con: je n'ai pas de smartphone. Or, tous les services aujourd'hui fonctionnent avec les qr codes, du coup, tous les services actuels proposés par un grand max d'entreprises ne me concernent pas. Et encore, j'ai internet! Mais pour tous les gens qui ne l'ont pas, énormément de démarches deviennent pénibles. Je suis d'accord qu'on est ici dans de &quot;petits&quot; problèmes concernant les pays occidentaux, mais la notion de &quot;choix&quot; comme énoncée par Harvey Keitel est là même. <br /> Ce choix là, technophage ou technophobe est très actuel je trouve et, du coup, comme la surconsommation endort les esprits, je n'ai vraiment aucun mal à croire que, l'invention de la drogue ultime de l'endormissement/du rêve, soit fightée par des rebelles. <br /> Des gens comme la Robin du début. <br /> Je m'y reconnais d'autant plus que je suis quelqu'un qui déplore l'utilisation de la 3D dans le cinéma d'aujourd'hui où l'argument technologique est le seul qui vaille et où les histoires, les acteurs et tout le reste sont relégués au second, voire dernier plan. <br /> <br /> Non vraiment, plus j'en parle, plus j'aime ce film! ^^<br /> <br /> Après, perso, ça n'existe tellement plus des réal jusqu'auboutistes que j'admets être ravie qu'Ari en soit un! Y a trop de réal qui mise sur une seule bonne idée, un concept pas du tout exploité à fond dont les faiblesses seront justement &quot;masquées&quot; à grands renforts d'effets spéciaux ou de 3D inutile. <br /> <br /> Après, pour Robin, ben énormément d'acteurs font des voix. C'est pas rien comme travail ;)
Y
en voulant montrer à quel point le monde de la miramount est détestable, le film nous présente un monde détestable. Du coup, j'ai &quot;détesté&quot; cette partie !<br /> Alors, certes, c'est le propos du film, mais avoue quand même que cette partie dévie un peu sur d'autres sujets (totalitarisme, lien social). C'est très intéressant mais je trouve ça très mal amené. <br /> Quant au fait que je veuille voir robin wright, ben justement, je veux voir la vraie actrice, celle qui transmet des émotions vraies. C'est pour ça que j'ai été déçu que le réalisateur soit jusqu'auboutiste au point de la transformer en animation pour appuyer son propos. <br /> <br /> Donc selon moi, celle que je veux voir existe vraiment, au contraire. Mais je comprends ce que tu veux dire sur ce point.
Y
je confirme, le film va jusqu'au bout de son idée. <br /> en voulant montrer à quel point le monde de l
M
Bonne critique qui donne envie d'aller voir le film.
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M
Malheureusement il ne passe pas dans une cinéma proche de chez moi, donc j'attendrais très certainement la sortie en DVD pour le visionner.
Y
Je pense qu'il te plaira, plus qu'à moi d'ailleurs. On pourrait le comparer à the tree of life, dans ce genre OVNI du cinéma. Plus une expérience qu'un film, même si le scénario est linéaire et plutôt compréhensible. <br /> <br /> Effectivement, j'ai pensé à Holy Motors, que je n'ai pas vu mais dont j'avais vu la bande annonce. La scène de la bulle ressemble d'ailleurs beaucoup à cette bande annonce. Voir photo au dessus
V
Ta description du film me fait plutôt penser dans les thèmes abordés à Holy Motors, film totalement fou mais qui reste génial en étant ultra déroutant dans sa lettre d'amour au cinéma, et qui abordait lui aussi la mort, ou en tout cas la peur d'une certaine mort du cinéma.<br /> Holy Motors, c'était un monde sans véritable cinéma où, comme les gens ne peuvent plus subvenir à ce besoin d'évasion, on suivait un homme recevant des contrats comme autant de rôles qu'il allait jouer comme si des caméras le filmait. En tout cas, c'est comme cela que je l'ai interprété.<br /> En même temps, ce sont des films ultra différents, mais apparemment ils parlent tous les deux d'une crainte envers un possible avenir funeste du cinéma.<br /> En tout cas, je te le conseille, il y a même un homme tout nu qui a une érection (j'ai de très bons arguments pour te conseiller des films, oui).
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