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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Le vent se lève : autant en emporte Miyazaki

Publié par yoyo114 sur 15 Mars 2014, 09:35am

Catégories : #Sorties Ciné

 

Agé de soixante-treize ans, le célèbre réalisateur d'animation Japonais clôture sa brillante carrière cinématographique par un film plus "adulte" que les précédents. Le vent se lève est la biographie romancée de l'ingénieur Jiro Horikoshi, créateur du fameux "chasseur zéro" qui a servi durant la seconde guerre mondiale. Comme tous les ultimes films de grands cinéastes, Le vent se lève est étonamment apaisé, sobre, austère parfois, mais aussi d'un lyrisme éblouissant. Sans être le chef d'oeuvre espéré, il souffle sur ce film un vent de mélancolie, semblable à celle des plus beaux tableaux impressionnistes. 

 

Le film commence dans les années 1910, lorsque Jiro est encore enfant mais qu'il cultive déjà la passion pour le vol, et s'achève à l'aube de la seconde guerre mondiale. Sur cette longue période de trente années, Miyazaki décrit les tribulations de son personnage, un homme lunaire, passionné et bienveillant, et relate les étapes-clés de l'histoire du Japon. A ce titre, on peut citer l'époustouflante scène de tremblement de terre, qui représente le séisme de Kanto, survenu en 1923, qui fit plus de 100 000 morts. Miyazaki relate également la montée du Nazisme, tout en laissant la guerre hors-champ, peut-être pour la rendre encore plus menaçante, ou bien pour ne pas définitivement perdre le public des "moins de dix ans". 

 

Bien que les thématiques du film soient riches et variées, on peut réduire l'histoire à deux lignes motrices : une ligne étonnamment technique, centrée sur les études de Jiro, son travail, ses dessins de fuselage, et ses tentatives avortées de construire un avion qui puisse battre la technologie allemande, et une autre ligne qui se concentre sur la personnalité de Jiro, ses rapports avec sa soeur, et son histoire d'amour tragique, où le destin joue un rôle déterminant (cette histoire d'amour est, pour le coup, totalement fictive : Miyazaki s'est inspirée de la vie du romancier Tatsui Hori pour cette partie). Ces deux fils conducteurs du récit vont se répondre sans cesse ; Miyazaki montre ainsi à quel point il est difficile de concilier le travail et la vie privée. 

 

 

Attention, quand je parle de conciliation entre travail et vie privée, je ne veux pas dire un débat pragmatique sur "est-ce que les femmes peuvent avoir des enfants sans se heurter au plafond de verre ?". Non, chez Miyazaki, il s'agit d'une réflexion assez profonde sur le prix de la passion : Jiro a besoin de construire des avions pour se réaliser, et pourtant, sans l'amour de sa vie, il ne peut pas totalement s'accomplir. La tuberculose dont est atteinte sa femme l'oblige à vivre au sanatorium, et éloigne donc les deux amoureux, Jiro étant trop dévoré par son envie de maquettes pour aller vivre près du sanatorium, construit dans un lieu reculé. 

 

Là où le film est vraiment appréciable, c'est que Miyazaki ne cherche jamais l'épate. Tout est d'une sobriété formidable, même si cette sobriété entraîne parfois un climat assez plombant : les scènes d'ingénierie, anti-spectaculaires au possible, deviennent vite très ennuyeuses. Il n'y a plus de place au fantastique dans le cinéma de Miyazaki. Les scènes de rêve sont clairement définies, délimitées par la présence d'un personnage récurrent : un concepteur d'avion italien qui servira de modèle à Jiro pendant toute son existence. Pourtant, un peu de fantastique aurait permis à ces scènes techniques de prendre de l'ampleur. 

 

En revanche, la sobriété et le réalisme rendent le film génial quand il relate l'histoire d'amour déchirante entre Jiro et Nahoko. On se croirait dans un roman français classique, tant chaque détail est source de nostalgie et de romantisme. Ma scène préférée est un passage d'un quart d'heure, où Jiro se repose dans une auberge dans laquelle il rencontre à nouveau Nahoko, ainsi qu'un européen raffiné qui lui conte ses angoisses du nazisme. Ce passage est à l'image de tout le film : c'est un havre de paix au milieu d'une barbarie sourde, un formidable lieu de rêverie, à l'ambiance à la fois lumineuse et crépusculaire. 

 

 

Du côté de l'animation, je suis assez conquis. Je n'avais jamais vu aucun Miyazaki auparavant, parce que les quelques images que j'avais vues du Voyage de Chihiro m'avaient franchement repoussé. Et il faut avouer que le bonhomme a un incroyable sens de l'animation : il ridiculise les productions Disney en quelques plans. C'est d'ailleurs une véritable honte que La reine des Neiges ait obtenu un Oscar à sa place. Les bruitages sont remarquables : pour la scène du séisme, d'un réalisme puissant, mais aussi pour des scènes de décollage. En revanche, je ne suis pas du tout emballé par les passages rêvés : je trouve qu'ils manquent singulièrement de caractère, de nuances, et de...... rêve ! Enfin bref, c'est le seul bémol au niveau de la mise en scène. 

 

Conclusionnons : 

 

Bien que long et parfois sacrément ennuyeux - notamment dans sa première moitié - Le vent se lève est un film d'une plénitude assez rare dans le cinéma d'aujourd'hui, d'une mélancolie qui touche au coeur, et d'une ambiguité qui risque de déstabiliser les plus jeunes. Après tout, notre héros a construit un des avions les plus destructeurs de l'histoire, et pour ne rien arranger, il a un comportement criminel envers sa femme, qu'il préfère garder à ses côtés plutôt que de la laisser se soigner. Personnellement, j'adore cette complexité du personnage : c'est si rare d'avoir un dessin animé qui ne sombre pas dans le manichéisme ! 

 

Le vent se lève : autant en emporte Miyazaki
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H
Une excellente critique pour un film qui me tente diablement. Bon vu que ça fait un moment qu'il n'est plus en salle je me contenterai de le voir en VOD.
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