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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Micros-Critiques : Films de 2016 (1/2)

Publié par yoyo114 sur 16 Décembre 2016, 15:02pm

Catégories : #Micro-Critiques

Moi, en retard ? Enfin, qu'allez-vous penser là ? C'est mal connaître le règlement du blog, qui interdit strictement la publication de critiques à la bourre, sous peine de bannissement.

 

Quoi ? Hunter n'a toujours pas sorti sa critique de The Neon Demon ? Oui, mais il a des circonstances atténuantes. Mon collègue et Refn, c'est un peu comme un vieux couple bien installé. Au fond, ils s'aiment, mais le dialogue entre eux s'est peu à peu rompu, laissant place à la rancoeur, au ressentiment, au non-dit, si bien qu'en six mois, mon pauvre Hunter a pondu moins d'une demi-ligne au sujet du dernier film du cinéaste. Si tout va bien, sa critique sera publiée à l'hiver 2048, époque où Nicolas Winding Refn ne sera plus célébré que par une poignée de doctorants spécialisés dans le cinéma période "Néo-LED" des années 2010. La critique d'Hunter, mûrie pendant près de trente-deux ans, fera alors autorité dans ce milieu de thésards en manque de sources fiables, Hunter accédent ainsi à une notoriété aussi vaine qu'éphémère (comme l'héroïne du film, en somme). D'ici là, notre blog ne sera que le vestige d'un Internet oublié, aussi démodé que le gramophone de Mamie Chantal, alors banni, pas banni, Hunter s'en moquera bien. 

Les rêves de Hunter ressemblent à ça depuis Avril...

 

Entendons-nous, cher lecteur : si je m'apprête à chroniquer six films, dont certains sortis en Février, d'ici Noël, ce n'est pas pour rattraper toutes les chroniques que j'ai eu la flemme d'écrire au moment où ces films étaient encore dans les salles obscures. Non, non ! C'était pour prendre le temps de la réflexion. Voilà, c'est tout. Et si vous êtes pas content, je ferai passer cette explication à coups de 49.3. 

 

Les pendules étant remises à l'heure, je vous laisse découvrir mes trois premières micro-critiques pour les films suivants, par ordre de sorties en salle : Ave Cesar, Irréprochable, et Toni Erdmann. Je publierai trois autres micro-critiques courant de semaine prochaine. Enfin, si j'ai le temps, je ferai la critique de Julieta, le dernier film d'Almodovar. Je préfère lui consacrer une chronique plus longue, car c'est un film que j'ai particulièrement aimé, et sur lequel il y a beaucoup à dire. Alors que nous approchons de fin décembre, mon sentiment est celui d'une année cinématographique assez riche, mais sans véritable chef d'oeuvre. Enfin, trève de bavardages : nous aurons l'occasion de faire un bilan collectif dans quelques semaines. Place au verdict ! 

Ave Cesar (Février 2016)

Réalisé par Ethan & Joel Coen

Los Angeles, années 50. Eddie Mannix travaille comme "fixer" pour un grand studio hollywoodien : il est chargé de régler les différents problèmes rencontrés (réputation d'un cinéaste, guerres d'ego entre acteurs...) sur les tournages de film. En homme de l'ombre, il dialogue aussi bien avec les communautés religieuses soucieuses de l'adaptation prochaine de La Bible, qu'avec les journalistes à l'affût du moindre scandale. Ave Cesar est le récit d'une journée dans la vie de Mannix, et plonge le spectateur dans les coulisses de l'usine à rêves. 

 

La caméra des Coen se promène d'un tournage à l'autre, à mesure que les intrigues du récit s'éparpillent : un acteur kidnappé, des reporters jumelles (interprétées par Tilda Swinton) horripilantes, une jeune star de western incapable d'apprendre un texte correctement. Les saynètes, prises séparément, sont assez réjouissantes. D'où vient que l'ensemble du film peine à nous arracher un sourire ? Sans doute parce que le choix des Coen de suivre plusieurs pistes narratives à la fois prive le film de cohérence, et annule tous les enjeux. La déception est d'autant plus grande qu'Ave Cesar est le successeur d'Inside Llewyn Davis, qui était une véritable leçon de cinéma, où tout fonctionnait comme une merveilleuse horlogerie.

 

Ave Cesar, cependant, est loin d'être un mauvais film. Dépourvu de souffle, mais pas d'inventivité, le film nous captive de bout en bout par sa richesse thématique. Cette folle journée d'Eddie Mannix est l'occasion d'un portrait d'Hollywood à son apogée : on retiendra notamment le gang de scénaristes communistes, qui organisent le kidnapping de Georges Clooney. C'est pour moi la meilleure partie du film, qui se termine par une scène surréaliste dans les eaux du pacifique, avec un Channing Tatum prodigieux (si si). On retrouve la satire et l'humour noir que l'on aime tant chez les frères Coen.

 

Film original, assez inégal, peut-être trop écrit, Ave Cesar ne manque pas de trouvailles mais reste mineur dans la filmographie des deux frangins. 

Irréprochable (Juillet 2016)

Réalisé par Sébastien Marnier

Le premier long-métrage de Sébastien Marnier suit l'histoire de Constance, sans emploi depuis un an, qui revient dans sa ville natale pour rendre visite à sa mère, tombée dans le coma. Elle apprend que le poste qu'elle occupait, quelques années plus tôt, dans une agence immobilière, est de nouveau vacant. Elle se propose alors, mais son ancien patron lui préfère une jeune candidate prête à travailler en CDD. Constance, sombrant peu à peu dans la folie, se met à espionner la jeune femme, dans l'idée de reprendre le poste qui lui revient de droit.

 

Un thriller à combustion lente, sur fond de critique sociale : voilà qui avait tout pour me plaire. Sauf que, sauf que... Je n'ai pas du tout été embarqué par ce film. Plus le temps passait, plus je pensais "cinéma français, quand tu nous tiens". Vous me direz : c'est un peu faible, comme argument. Certes. Alors, je vais être plus précis. A ce niveau, ce n'est plus de la combustion lente, ni un film d'atmosphère : c'est juste qu'il ne se passe rien. J'ai pensé à un long-métrage de Chabrol (réussi, lui), qui s'appelle La Cérémonie, et qui racontait les rapports d'une domestique et de ses riches employeurs, jusqu'au drame... Il ne se passait pas grand chose, mais la tension était palpable. J'ai l'impression qu'Irréprochable avait la même ambition, mais ça n'a pas marché sur moi : tension il n'y a pas eu, juste de l'ennui. 

 

Marina Fois est pourtant excellente, et Sébastien Marnier a un vrai sens du cadrage et du montage. C'est au niveau du script que le bât blesse. Le sujet est intéressant : le film parle d'une misère, une misère d'aujourd'hui, qui existe bel et bien. Mais pour en parler, il se sent obligé d'adopter une posture naturaliste (et que je te filme l'héroïne en plan fixe dans un hôpital pendant deux minutes trente) qui a fini par me lasser. Amis cinéastes, naturalisme ne rime pas forcément avec intelligence. Au cinéma, on peut parler de sujets graves sans pour autant les filmer avec austérité. Mais bon, voilà, quoi, ce n'est pas du cinéma qui me remue. Alors que ça devrait... J'attends quand même le prochain film du cinéaste, parce que c'est très prometteur, par moments, dans la mise en scène.

Toni Erdmann (Août 2016)

Réalisé par Maren Ade

Film allemand, en compétition à Cannes cette année, Toni Erdmann raconte la relation tumultueuse entre un père et sa fille. Le père, c'est Winfred Conradi, retraité discret, adepte des canulars, des coussins péteurs et des déguisements excentriques. La fille, c'est Ines, femme d'affaires aigrie, envoyée en Roumanie pour organiser l'externalisation d'une filiale de son entreprise. Autant dire qu'entre les deux, le courant ne passe plus. Son père décide de lui rendre une visite surprise à Bucarest. Il découvre alors que le travail d'Ines la rend folle, et qu'elle n'a plus le temps de vivre. Il décide de lui redonner le sourire, et se transforme alors en Toni Erdmann, consultant et coach, personnage délirant qui va secouer le monde des expatriés de Bucarest. 

 

Toni Erdmann, une comédie ? C'est ce que promet l'affiche. Pourtant, si le film est, par moments, extrêmement drôle (avec quelques scènes d'anthologie), c'est avant tout un grand drame familial, en même temps qu'une charge virulente contre la mondialisation aveugle, et les laissés-pour-compte de cette vague libérale. On découvre ainsi une Roumanie colonisée par l'Europe de l'Ouest. Une colonisation économique, certes, mais qui mène à des situations humiliantes (la stagiaire sommée de parler un allemand parfait, le roumain qui sert plus ou moins de gigolo à Ines). Toni Erdmann, c'est, d'abord, le portrait cauchemardesque d'un pays où les pauvres survivent, et où les riches expatriés meurent d'ennui dans des réceptions interminables. 

 

Winfred, le père soucieux, se grime alors en Toni Erdmann. Face à la bêtise qu'il découvre, il oppose une autre bêtise, assumée, farcesque. Il est le miroir déformant, avec dentier et perruque informe, de ce monde à l'agonie. On rit, alors, mais c'est un rire voisin du désespoir. Pour autant, le film n'est pas déprimant, loin de là. Car le personnage d'Ines qui, peu à peu, se libère, fait sortir le film de ses gonds : tout à coup, c'est l'euphorie, et la comédie triomphe, jusqu'à un final inoubliable. 

 

Avec sa durée fleuve, et la dureté de son sujet, Toni Erdmann avait de quoi effrayer. Et pourtant, c'est une réussite totale, un coup de maître. Deux heures et demie de bonheur avec des sommets comiques inattendus ! 

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