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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Corps et Âme : L'Amour et Le Sang (Micro-Critique)

Publié par Vivien sur 6 Novembre 2017, 10:41am

Catégories : #Sorties Ciné

A mon tour de renaître des cendres d'un très long hiatus d'écriture d'article pour vous proposer deux critiques successives dans le courant de la semaine sur des films qui m'ont plutôt étonné par leur aspect atypique et leur maîtrise esthétique. Aucun lien entre les deux oeuvres cependant, outre leur distribution très limitée et leur rafraîchissante étrangeté. 

Le premier sera donc Corps Et Âme, film hongrois qui a remporté le Lion d'Or au Festival de Berlin et qui narre tout en subtilité un amour naissant entre un directeur d'abattoir et sa nouvelle contrôleuse de qualité de la viande, visiblement fermée à tout contact humain, alors qu'ils découvrent qu'ils se retrouvent chaque nuit ensembles dans leurs rêves, point de départ d'une romance tue fascinante et sans concessions, bien que non sans défauts.

 

CORPS ET ÂME de Ildiko Enyedi

Pour ce qui est de Corps Et Âme, je vais rester relativement succinct, n'étant pas non plus entièrement conquis par ce qui reste un film très intéressant et qui parvient à toucher en affinant au plus possible le trait. En effet, rempli de détails psychologiques et esthétiques dans la façon dont la réalisatrice hongroise construit à la fois ses cadres sensoriels, sa lumière qui fait le pont entre les pôles réalistes et oniriques qui s'affrontent dans le film et ses personnages, peints avec une sincérité salvatrice, Corps et Âme est un film d'amour très subtil, tendre et atypique, notamment par son décor d'abattoir, où l'esthétique rejoint l'émotion et où une poésie du réel naît de cette rencontre, telle l'évidence rendue viscérale du besoin de l'autre.

Les beaux plans qu'on voit servent ainsi avant tout cette étrange histoire de rêves partagés, où l'élément quasi fantastique et assumé catalyse un conte d'initiation au contact humain, où la femme asperger (l'innocence du personnage féminin est par ailleurs décrite et interprétée avec justesse) et le vieil homme infirme ne cherchent au final qu'à se trouver, pas à pas. Tout comme ce rapport entre l'homme et l'animal créé dans le film (les plans sur les bêtes, autant les vaches de l'abattoir que la séduction des cerfs, sont par ailleurs sidérants d'humanité et bluffants d'expressivité visuelle), la beauté plastique rejoint la fibre organique humaine et sans concession qui donne au film sa douceur et sa véritable beauté, parfois sèche, parfois sucrée ; parfois rêche (aspect mis en exergue par quelques plans d'une violence assez inouïe), parfois drôle et doux, Corps et Âme apporte un peu de tout ça à la fois, le tout avec un apport esthétique et sensoriel assez surprenant dans ce type de développement intime. C'est par ailleurs cette précision visuelle et sonore qui donne au film une légitimité émotionnelle : même une image porno nous permet de mieux comprendre un personnage par la façon dont elle est cadrée et mise en perspective, et même l'agencement des lieux et de leur mise en lumière permet de représenter l'évolution de relations et de points de vue : on est en plein dans une esthétique subjective, c'est-à-dire celle d'un film qui plie sa fabrication aux mécanismes internes des personnages. Et en cela, je trouve que Corps Et Âme réussit plutôt bien son pari.

Un long-métrage très attachant et poétique donc, auquel on peut néanmoins reprocher d'assez grandes facilités scénaristiques, auxquelles s'ajoute une sous-intrigue pas extrêmement nécessaire si ce n'est pour développer les personnages principaux et secondaires, et un manque de souffle par endroits, même si la réalisatrice cherche volontairement à ne pas déployer les grands violons et veut en faire peu pour en donner beaucoup ; on semble cependant peut-être un peu trop tomber à plat dans la finalité de l'histoire. Et même avant cela, il y a quelque chose qui m'a empêché de rentrer complètement dans le film et je ne saurais mettre la main dessus ; eh oui, quel professionnalisme.

Je reste cependant très admiratif devant la force subtile du long-métrage, sa justesse, sa science du détail, sa réalisation, sa sensorialité, son étrangeté et son réalisme psychologique. Beaucoup de choses à admirer en somme, et on est ainsi quand même face à du bien bon cru.

 

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