Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Star Wars : Les Derniers Jedi ou le problème avec la critique d'Internet

Publié par Hunter Arrow sur 31 Décembre 2017, 00:52am

Catégories : #Billet d'humeur

Star Wars : Les Derniers Jedi ou le problème avec la critique d'InternetStar Wars : Les Derniers Jedi ou le problème avec la critique d'Internet

Ça y est, me voici décidé à revenir après quoi... 1 an d'inactivité ? Pourquoi cette absence me demanderez vous ? Et bien c'est totalement en lien avec la thématique de cet article. J'ai envie de vous poser une question : ne trouvez vous pas qu'en ce moment il y a trop d'avis sur Internet ? Alors j'ai conscience de l'hypocrisie de la chose, ayant moi même contribué à écrire des critiques et vu que nous sommes sur un blog essentiellement composé de... critiques de films. Loin de moi l'idée de juger mes collègues, dont je respecte l'action, ces derniers parlant aussi de "petits" films qui n'attirent pas spécialement les vues sur un blog ou un site. Sérieusement, à une époque où le putaclic est la norme, content de voir qu'ils ont su gardé leur intégrité et leur passion pour parler de ce qui leur plait vraiment. Toutefois avec le temps, au fur et à mesure que j'écrivais des critiques, cette activité m'est apparue comme étant de plus en plus vaine. Alors c'est un constat totalement personnel et il est hors de question de faire de mon cas une généralité. D'ailleurs il m'arrive encore d'écrire quelques avis à chaud sur Senscritique car au fond, je reste un humain pourri de contradictions en tout genre, déplorant d'un côté un système mais y contribuant tout de même. Seule une analyse psychanalytique approfondie pourrait expliquer cette "hypocrisie" de ma part... D'ailleurs là en ce moment, je déplore le fait que tout le monde veut donner son avis à chaud mais à côté de ça je donne aussi un avis sur un phénomène actuel... Donc finalement ne voyez pas ce billet d'humeur comme un ensemble de vérités générales absolues, mais plutôt comme étant une réflexion pouvant, possiblement, amener des interrogations avec toutes les limites que cela peut contenir dans la démarche.

"Mais diantre de bougre de corniaud phallique, quel est donc le lien avec les Derniers Jedi ?"; vous demandez vous de votre air le plus ahuri. Et bien patience jeune Padawan, j'y viens à l'instant. Alors déjà, il n'est pas question ici de vous livrer une critique détaillée du dernier né de la franchise. Nan, au mieux je peux vous dire que je l'ai globalement apprécié même si je trouve qu'il est très inégal, le meilleur côtoyant le pire. Pour sur il a été fait avec les meilleures intentions du monde, dont celle de préparer un tournant pour la saga. Alors ça passe ou ça casse, mais en ce qui me concerne c'est passé. Je reviendrai dans un autre article qui est en cours d'écriture sur les "incohérences" scénaristiques du film. Mais c'est justement là où je veux en venir avec cet article. 

Avec l'émergence d'Internet est venu une chose absolument merveilleuse sur le papier : la possibilité de s'exprimer et de toucher plus de personnes que dans notre cadre habituel (amis, collègues, famille). Ici les propos de Jean Dylan pouvaient être lus par des inconnus qui réagissaient à ces derniers, à son argumentation. Et dans les faits c'était cool. Cela donnait encore plus de sens à cette liberté fondamentale qu'est le Droit d'Expression (#Jesuischarlie). Mais comme toute bonne chose, cela a aussi entraîné des effets pervers. Puisque Jean Michel Nimportequi pouvait s'exprimer sur n'importe quoi, Jean Michel Nimportequi a fini par s'exprimer sur n'importe quoi et c'était pas forcément plus intelligent ou pertinent ce qu'il pouvait dire. Alors noyé dans la masse on pourrait penser que seuls les propos les plus pertinents pouvaient émerger, sortir du lot. Sauf que non, comme toujours c'est surtout celui qui gueule le plus fort et avec des propos allant dans le sens du plus grand nombre qui l'emporte... Qui l'emporte... Parce que oui, il n'est pas question de discuter, il est maintenant question d'avoir raison. Voilà l'autre effet pervers. 

Alors comme ça, je suis carrément pris en flagrant délit de Captain Constatation. C'est pas nouveau, on a souvent déjà dressé le problème et la situation ne changera pas... Sans vouloir faire de la politique, suffit de voir le niveau actuel de l'argumentation pour comprendre que c'est surtout à qui qui fera le plus de bruit et mettra le plus de gens d'accords... Tout le monde s'exprime sur la finance, pourtant posez la question suivante "Toi qui semble être un expert, tu peux me dire ce qu'est la différence entre le marché des obligations et celui des actions ?" et vous aurez en face de vous le regard béat d'une personne se vexant et qui répliquera à coup d'une affirmation aussi générale qu'idiote du type "de toute façon c'est tous des pourris"... Et ce qui est inquiétant c'est que nos "politiciens" donc des influenceurs, finissent par être dans ce mouvement et ainsi là où ils devraient élever le débat, ils finissent par contribuer à son nivellement par le bas. "Mais quel est le PUTAIN de rapport avec STAR WARS ?" vous impatientez vous... Et bien je dresse un contexte global tout simplement. Parce qu'il en soit pour la politique, pour la finance, pour le cul de ta mère et pour le cinéma, le contexte est le même : tout le monde s'exprime à tort et à travers (en particulier pour le cul de ta mère que personne ne peut connaitre aussi bien que moi). Et en ce qui concerne le cinéma, ce phénomène est encore plus palpable quand il est question de Star Wars, aka la saga cinématographique la plus populaire de tout les temps. 

Alors attention, je ne critique pas les critiques négatives. Il y en a même quelques une que je trouve excellentes comme celle que je vous recommande de Captain Popcorn (et je recommande sa chaîne en général). Le gars est posé, nuancé, réfléchi et on voit qu'avant de juger il a fait un effort "d'intellectualisation". On peut ne pas être d'accord, mais force est de constater qu'il s'agit d'un avis pertinent de quelqu'un qui fait l'effort de comprendre les mécanismes d'une narration et aussi d'un spectacle. Il ne va pas gueuler parce que l'on peut voir les fils de la marionnette, mais il va plutôt s'interroger sur la pertinence de ce que l'on va faire faire à cette marionnette. Mais pour une vidéo comme ça intéressante, combien vont sombrer dans l'outrageusement putaclic et se vautrer dans les méandres des mécanismes argumentatifs fallacieux.

Et là je vais parler de mon cas préféré et qui est assez répandu : Ce mec, fan de Star Wars, qui va débuter sa critique en nous rappelant combien il est fan de Star Wars, limite plus que toi qui regarde sa critique. Il va te dire depuis combien de temps il aime la saga, tout ce qu'il a pu lire sur cette dernière en comics, romans, arrières de boites de céréales... Le mec il va te sortir son curriculum vitae faisant surtout étalage, non pas de sa pertinence, mais du fait que c'est avant tout un gars (ou une fille) qui achetait n'importe quel produit dérivé du moment que c'était estampillé Star Wars. Est ce qu'il aime Star Wars et ses messages, restant lucide sur ses défauts, ou est ce qu'il consomme Star Wars ne faisant qu'en effleurer les aspects les plus "superficiels" de la franchise ? Par exemple si vous lui demandez "tu aimes quoi dans Star Wars ?" Et qu'il vous réponds "Les batailles, les personnages classes, la mythologie, les combats de Sabres lasers" et bien si dans l'absolu on ne peut pas lui reprocher d'aimer ça (bah oui c'est cool quand même) on peut se demander si il a pris la peine de comprendre que tout ces éléments cool sont avant tout des mécanismes de narration servant un propos, une histoire et des messages. Parce qu'un combat de sabre laser, dans la trilogie originale, ce n'était pas là juste pour te montrer du spectacle cool... Non ça c'est dans la prélogie. Mais originellement les duels participaient à l'évolution psychologique et physique des personnages, c'était là pour te faire ressentir des émotions, de l'enjeu. Quand Luke affronte Vador sur Bespin, ce qui est important n'est pas la chorégraphie assez primaire du combat, mais ce qu'il raconte et ce qu'il nous fait ressentir. Le stress de voir notre héros démuni face à un ennemi le surpassant, la confrontation de ce même héros à l'échec et au bouleversement de ses certitudes... En soi une vraie épreuve du feu qui laissera des séquelles à Luke et contribuera à son évolution.

Alors attention ne vous méprenez pas dans mes propos, je n'affirme pas que ce "fan" de Star Wars est moins légitime que moi. Il est hors de question de comparer et après tout je ne suis qu'amour et je ne demande qu'à communier avec d'autres dans la passion de Star Wars, le tout dans une orgie où déguisements d'Ewoks et de Gungans seraient la condition sinequanone pour y participer. Plus sérieusement, rien ne m'agace plus que de lire qu'il y a de "vrais" fans et des "faux" fans... Non il n'y a que des fans "différents". Star Wars brasse tellement de choses, propose tellement de par ce qu'il met en place dans les films mais aussi dans son univers étendu; qu'il n'existe plus un seul type de fan. Et voilà le problème principal avec lequel la saga doit composer aujourd'hui : quoiqu'elle fasse, elle va obligatoirement en décevoir une partie et finalement ce qu'elle a de mieux à faire c'est de capter une nouvelle génération. Et ça beaucoup ont du mal à l'accepter, se sentent délaissés et Star Wars a eu un tels impact dans leur vie; qu'ils le prennent personnellement. Pour ces personnes j'aimerais avoir des paroles réconfortantes mais à ça je ne trouve malheureusement qu'une réplique

Bah oui les mecs, à un moment faut peut être arrêter de se regarder le nombril et admettre qu'il est temps de grandir. Si vous avez dépassé l'âge des 15 ans, un film Star Wars ne peut pas vous provoquer le même effet que lorsque vous avez vu votre premier à un âge inférieur à 10 ans. Parce que vous avez été tellement abreuvés d'images, vous avez surement vu mieux dans votre vie que Star Wars (enfin je l'espère pour vous parce que sinon, voilà quoi...). Aussi parce que vous n'avez plus les mêmes préoccupations et attendez surement qu'un film soit plus en phase avec celles qui font votre quotidien... Parce que le "passage à l'âge adulte" et la construction identitaire c'est bien beau, mais si vous avez passé le cap des 20 ans, bah ce processus il est déjà bien engagé pour vous et Star Wars, demeurant avant tout orienté pour un public jeune (Lucas lui même a déclaré qu'à la base il avait écrit Star Wars pour un public de 12 ans et ça c'était à la dernière Star Wars Celebration, la vidéo est facilement consultable sur Youtube), risque de vous laisser insatisfait dans ces thématiques. Alors là certains vont défendre la prélogie qui s'attaquait au terrain politique, domaine il est vrai plus en phase avec des préoccupations adultes... Sauf que vu que la politique dans la prélogie est aussi pertinemment développée que dans un "Oui-Oui assistant parlementaire"; bah là aussi ça aura de quoi laisser insatisfait un gars comme moi qui est passionné par le sujet (la politique, pas Oui-Oui). Il faut comprendre cela : Star Wars ne vous doit rien. Ce n'est pas parce que vous vous dites "fan depuis ses débuts" que vous devez attendre une "récompense" et que les films prochains ne s'adressent qu'à vous. Vous devez accepter, que parfois, vous allez passer à côté, qu'un Star Wars ne va pas vous plaire. Et ce n'est pas grave et ce n'est en rien un "viol" de la licence. Star Wars a survécu à 2 mauvais films, de mauvais produits dérivés, une politique marketing envahissante que ce soit sous Lucas ou Disney d'ailleurs... Star Wars survivra à quelques fans qui resteront sur le carreau. 

Et vous savez ce qui est cool avec Les Derniers Jedi ? Et bien que l'on aime ou non le film, on ne peut pas lui enlever le fait qu'il possède quelques bons messages. L'importance de la tempérance, ne pas foncer tête baissée, apprendre de ses échecs, la transmission de ses aînés. Ajoutez y que thématiquement, ça demeure un pur Star Wars, qui fait évoluer ses thématiques et propose à défaut d'un total renouveau, une vraie transition et l'amorce d'une nouvelle ère. Et on peut ne pas apprécier ce que cela devient... Mais vous savez quoi d'autres ? Je suis allé voir ce film 3 fois en salle (et j'ai toujours des réserves sur ce dernier). Et bien à chaque fois je voyais ces gamins qui sortaient du cinéma, beaucoup émerveillés par le spectacle proposé. Ils ont rit à l'humour que nous autre vieux cons considérons comme envahissant (et je me met dans le lot)... Ces gosses ils vont grandir avec ce film, ils vont intégrer ses messages comme j'ai pu intégrer ceux de la trilogie originale (et j'aimerai dire de la prélogie, mais je n'ai absolument pas été sensibilisé au danger d'un glissement d'une démocratie vers une dictature grâce à cette dernière car vu son manque d'approfondissement pertinent du sujet d'autres œuvres s'en sont mieux chargées). Ces minauds, plus tard ils deviendront les vieux cons que nous sommes, crachant après Star Wars XVIII Le Réveil de la Revanche du Dernier Empire Fantôme, déclarant "Moi de mon temps, on avait du VRAI Star Wars". Mais quoi qu'il en soit, si leurs gosses connaîtront à leur tour Star Wars, c'est justement parce qu'ils auront eux même transmis leur passion... Passion qui aura eu comme amorce cette postlogie

Mais encore faudrait-il qu'on leur laisse avoir le droit de cette passion. Et c'est là que je deviens amer vis à vis d'Internet. Car voyez vous, du haut de mes 29 ans, j'ai eu cette chance : celle de grandir dans les années 90 et de connaitre les sacs bananes qui étaient le summum du swagg de l'époque mais aussi et surtout, j'ai eu cette chance de pouvoir forger une culture sans avoir été sur-influencé par des avis extérieurs. Parce que oui, j'ai connu cette époque sans Internet et durant ses balbutiements. Cette époque où les seuls avec qui l'on pouvait parler d'un film que l'on avait vu la veille, bah c'était nos potes dans la cours de récré. Alors dis comme ça, ça fait redite de vieux con et je l'admet volontiers. Mais finalement ce qui me rend le plus nostalgique quand je parle de cette période c'est surtout le fait que lorsque je découvrais un film... Bah une fois celui ci terminé j'étais seul avec mon avis. Avais-je passé un bon moment ou non ? Alors ce n'était pas le top niveau construction d'une argumentation et je dois reconnaître à Internet le fait de m'avoir permis d'étendre ma cinéphilie. Toutefois lorsque je découvrais un film, je n'étais pas "pollué" par des avis extérieurs. C'est un fait, il est de plus en plus difficile de mettre un filtre entre nous et l'extérieur et ainsi, notre avis est de plus en plus influencé par cet extérieur, qu'on le veuille ou non et ce même quand on est à "contre courant" de la pensée. Au fur et à mesure qu'Internet nous a ouvert au monde, il a aussi resserré cet espace que j'aime appelé la "sphère privé" qu'il y avait entre nous et les œuvres que nous découvrions. A une époque je pouvais tomber sur 2001 l'Odyssée de l'Espace sans savoir que le Monde considérait ce film comme étant un chef d'oeuvre et ainsi sans avoir à me culpabiliser si je ne l'aimais pas ou en cherchant des excuses au fait de ne pas l'avoir apprécié. Alors c'est sur, le bon côté c'est que cela pousse à développer son argumentation... mais l'effet pervers est que cela pousse aussi à devoir "s'ancrer" dans une posture, s'affirmer dans des prises de positions desquelles il est assez difficile de revenir. Aujourd'hui nous sommes aussi bombardés d'interprétations diverses et variées sur les films que nous regardons... Mais à l'époque, quand cette sphère privée entre le film et nous était encore assez large, on pouvait laisser libre cours à NOS interprétation, notre ressenti... sans influence extérieure. Et putain c'était cool. Je n'avais pas besoin qu'Internet me confirme que l'Empire Contre Attaque était un chef d'oeuvre pour que je le considère comme tels et que je me prenne une claque à chaque visionnage. Non Star Wars c'était génial parce que c'était avant tout cette aventure cool que nous regardions en boucle, mon grand frère et moi,  chez mes grand parents, sur des VHS enregistrées à la qualité pourrie... et ensuite, avec des figurines nous pourchassions cette histoire, créant de nouvelles aventures pour Luke Skywalker. Mais c'était aussi des messages qui nous touchaient tels que le fameux "Fais le, ou ne le fais pas, il n'y a pas d'essais". Et je pense que pour beaucoup c'était aussi ça et je peux comprendre la déception de l'adulte qui découvre un Luke Skywalker qui n'est pas celui qu'il imaginait enfant. Mais comme l'aurait dit ma grand mère : "Si tu n'aimes pas, n'en dégoûte pas les autres". Alors laissons un peu nos gamins s'émerveiller, arrêtons de les bombarder d'avis tranchés et finalement peu pertinents. Il y a une nuance entre développer son jugement critique et devenir blasés. 

Là j'en reviens à ce fameux "fan" de Star Wars dont je parlais plus haut. Si l'on doit admettre que celui ci soit différent de nous dans son appréciation de la licence, on peut aussi attendre de lui qu'il fasse le même effort de compréhension. Ainsi quand il déplore ne pas retrouver ce qu'il attendait, il serait bon qu'il mette de côté son jugement, fasse le tris dans son esprit de ce qui est objectivement mauvais et ce qui est de l'ordre du subjectif... Qu'il prenne le temps de la réflexion. Et quant à vous qui écoutez ce mec, posez vous la question suivante "Qu'est ce que j'aime dans Star Wars ? Et si je n'ai pas aimé ce Star Wars, est ce vraiment parce qu'il est objectivement mauvais ou simplement parce qu'il ne correspond pas à mes attentes. Dans ce cas de figure suis je "pertinent" pour condamner ce film ?". Aujourd'hui nous sommes malheureusement dans le cas où une tranche du public a développé un tels affect pour certains univers de la pop culture qu'elle en est venue à devenir juge, juré et bourreau d'un film parce que celui ci se situe dans leur univers préféré mais à le malheur de ne pas s'adresser spécifiquement à cette même tranche...

Sérieusement, si Star Wars survie à ce genre d'exploitation ça peut survivre à un mauvais film...

Là vous pouvez vous retourner contre moi et me dire "Mais toi, avec ton acharnement sur la prélogie, ose nous dire droit dans les yeux que tu n'es pas dans le même cas de figure" ce à quoi je vous répondrais "Non" et ce sans claquer des genoux. Déjà parce que je pense en avoir parlé sans animosité ici http://the-temple-of-whiskers.over-blog.com/2015/12/mois-star-wars-la-prelogie-pourquoi-c-est-le-mal.html . Ensuite parce que si je n'aime pas ces films ce n'est pas parce qu'ils ne s'adressaient pas à moi. Au contraire j'étais pile poil dans la bonne tranche d'âge pour les apprécier, 10 ans je pouvais encore me marrer devant Jar Jar, 13 ans je pouvais m'exciter la nouille devant Portman et 15 ans trouver trop cool la tournure D4RK de l'épisode III. Si je n'aime pas cette prélogie c'est simplement parce que j'estime, et ce grâce à mon avis construit tout au long de ma "cinéphilie", qu'elle passe à côté de ses intentions de par son incapacité à être pertinente dans ce qu'elle fait c'est à dire son écriture, sa mise en scène, sa direction artistique. Et certains pourraient estimer la même chose pour l'épisode VII et VIII et si tant est qu'ils l'argumentent qu'y trouverais-je à redire ? Bon surement je pourrais leur répondre, mais dans les faits leur point de vue se défendrait (par exemple estimer que le détour sur Canto Bight est inutilement long et pauvrement écrit, c'est difficile de le contester). Mais encore une fois, il faut aussi remettre chaque défaut dans son ensemble et aussi dans ce que l'on attend du film. Par exemple pour en revenir à ce "fan" de Star Wars cité auparavant, si ce dernier recherchait l'étoffement de l'univers, des combats au sabre laser spectaculaires et des batailles; son point de vue quant à son appréciation se justifie. Mais est ce parce qu'ils répondent à ses attentes que cela en fait des films "pertinents" ?

Voilà qui me rappelle cette affirmation débile qui veut tout dire et surtout ne rien dire "C'est un bon film, mais pas un bon Star Wars". Déjà c'est débile dans n'importe quel contexte, mais alors pour Star Wars... Si ce fan estime que l'épisode VIII ou VII est un "bon film" mais pas un bon Star Wars et que l'on démontre par A + B que l'épisode I qui serait, selon ses yeux, un "bon Star Wars", est en réalité un mauvais film; cela signifierait-il qu'un bon Star Wars serait un mauvais film et par corollaire, que ce serait une saga de merde ? Alors oui j'avoue, le sophisme n'est pas loin dans mon argumentation mais admettez que c'est à moitié moins malhonnête que de sortir cette affirmation facile et erronée qui aurait pour but de clôturer un débat. Non si on est honnête, on se doit d'admettre le point suivant : la première chose que se doit d'être un bon Star Wars c'est justement être un bon film qu'importe les codes qu'il "violerait". La première règle de notre monde c'est que rien n'est vraiment absolu alors si tels est le cas dans la réalité véritable, pourquoi un monde fictif devrait arbitrairement fixer des règles auxquelles il ne pourrait déroger ? Bien sur il y a un soucis de cohérence interne à respecter. Si vous établissez qu'un sabre laser vous tranche comme de la mortadelle, vous ne pouvez pas décider que l'on peut juste "taper" avec un sabre ce que l'on aurait normalement "tranché". Toutefois il existe aussi une marge de liberté, des choses avec lesquelles on peut encore transgresser. Etre transgressif dans la réalisation, le montage, la musique, oser sortir des carcans. Etre transgressif aussi sur certaines choses que l'on prenait pour acquises mais qui peuvent totalement évoluer comme la Force ou la personnalité des héros. Mais alors forcément, inexorablement cela s'éloignerait de "notre" Star Wars. Mais si on estime que le fond de cette saga tient dans le fait de tuer le père pour avancer et évoluer; la transgression n'est elle pas la première étape de cette évolution ? 

Voici qui conclue cette longue digression. Par avance je vous présente mes excuses si cela a pu vous paraître décousu. J'espère juste vous avoir amené quelques matières à réflexion. En tout cas je tenais vraiment à exprimer ce point de vue et c'est ce qui m'a motivé à revenir ici. Je me rend compte que je préfère partager ce que je ressens grâce au cinéma que de faire de simples "critiques" de films. De temps en temps, si la formule vous plait, je posterai un billet d'humeur, une réaction à une information liée au cinéma. Clairement cela me motive bien plus que de livrer des avis critiques à chaud de films. Encore une fois il ne faut pas méprendre mes propos. Il n'est pas question de remettre en cause l'exercice de la critique. Non plutôt de prendre du recul sur cette dernière ainsi que sur qui la formule, comment la formule-t-il et pourquoi il la formule ainsi et est ce que cela est en fin de compte vraiment pertinent ? Ou est ce que cela ne l'est que d'un certains point de vue comme le dirait Obi Wan ? Qui a dit que critiquer devait être trancher ? Or le soucis c'est que malheureusement cette nuance s'est perdue. 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
Y
Je termine la lecture de ta tribune non sans émotion. Je commencerais par dire que, si à mes yeux ce texte n'est pas du bon Hunter Arrow (j'ai connu une époque où Hunter était un vrai rageux, et regardez comme il s'adoucit, non mais vraiment, je me sens trahi !), c'est vraiment un rappel salutaire. Au risque, bien sûr, de faire du Capitaine Constat, à savoir si les gens étaient tous raisonnables on vivrait mieux. Mais Internet, si tant est qu'il fût un jour un lieu amical, ressemble de plus en plus à un défouloir où des commentateurs balancent des vérités toutes faites, sans lire les autres, et avec souvent une belle dose d'agressivité. Sans avoir vu ce nouveau Star Wars, la mauvaise note moyenne qu'il se prend sur Allociné, en décalage total avec les retours que j'entends dans la vie "réelle" me paraît révélatrice de l'extrémisme de certains critiques. En ce qui concerne la politique, la finance, et à peu près tous les autres sujets existant, plus j'en apprends, moins mon avis est certain. Donc, chers confrères internautes, un peu d'humilité ne ferait de mal à personne. Et Hunter Arrow, dont la catalogue de défauts est plus épais que ma liste au père noël, l'a dit avec encore plus d'éloquence que moi, et cet aveu me coûte.
Répondre
H
Et oui, je m'adoucis avec l'âge, je prend de la bouteille et deviens de moins en moins "rageux"... Vais je devenir un "sage" ? Je ne pense pas. Par contre clairement depuis un petit moment je tend à moins "m'exprimer" sur Internet ou a juger catégoriquement les choses. Pour ça que je ne pense plus écrire de critiques mais à la limite tenter de livrer des analyses ou défendre des choses... Oui, je n'ai plus envie de "rager" mais plutôt de nuancer. <br /> <br /> Après dans cet article j'oublie d'évoquer certains points tels que l'effet pervers et traînée de poudre des réseaux sociaux et sites de "notations" des films. J'oublie aussi d'évoquer ce phénomène bien humain qui est que la colère est davantage source d'expression et de prises de positions que la satisfaction. Nous sommes tellement dans une culture du "contentement" qu'il est normal d'être satisfait donc on ne sait plus l'exprimer et faire preuve de reconnaissance pour ce qui nous comble. En revanche, dès que l'on a un grain de sable dans l'urètre, vas y que ça gueule à tout va et que l'on va accuser la plage d'avoir du sable trop fin. <br /> <br /> Ce Star Wars a des défauts, je pense personnellement qu'il est loin d'être le meilleur et la presse US n'a surement pas arrangé la chose en le qualifiant de "meilleur Star Wars depuis l'Empire contre attaque", avec ce coup ci beaucoup trop de "positivisme" ce qui a souvent pour effet de susciter des réactions extrêmes dans l'autre sens. Mais j'ai surtout l'impression qu'on lui fait le procès de ne pas être ce que les gens attendaient, de prendre des risques dont celui de ne pas traiter les personnages comme certains se figuraient qu'ils devaient être traités. J'y reviendrait dans mon Parole à la Défense (pour le coup je suis bien plus inspiré qu'avec le VII).

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents