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The Temple Of Whiskers

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THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Stranger Things, Saison 1 : petit miracle du petit écran

Publié par yoyo114 sur 19 Février 2018, 13:50pm

Catégories : #Dossiers Séries

 

Hautement référencée, Stranger Things, dont la saison 1 a été lancée par Netflix en été 2016, est parfois réduite, un peu vite, à ses nombreux clins d'oeil aux oeuvres de Spielberg, de Stephen King et aux classiques de la télévision. La série assume pleinement son côté rétro, au point de placer l'intrigue en 1983, et d'agrémenter chaque épisode d'une foule de marqueurs temporels : Donjons & Dragons, talkie-walkies, tubes de The Clash, rien ne manque à la reconstitution de l'ambiance eighties. 

Face à ce genre d'hommage, on peut craindre, à raison, de tomber sur un produit cyniquement calculé pour toucher la corde sensible d'une génération nostalgique des oeuvres de son enfance. Il n'en est rien ici... Stranger Things, au milieu de ses nombreuses références, parvient à bâtir une fiction cohérente, que l'on apprécie pour elle-même, et développe une intrigue dont la naïveté assumée rappelle une époque révolue de la télévision, tout en étant, définitivement, une série d'aujourd'hui. Réussir un hommage sans tomber dans le second degré, retrouver la simplicité et la candeur des meilleurs Spielberg : voilà un défi presque impossible, que la série des Duffer Brothers relève haut la main.

Cet article n'évoquera que la première saison de la série, car la saison 2 se présente ouvertement comme une suite, au point d'être rebaptisée "Stranger Things 2", choix assez insolite pour une série télévisée. Par ailleurs, étant plus mitigé sur cette deuxième saison, je préfère l'évoquer dans un article dédié. Précision faite, remontons le temps, et revenons en 1983, dans la petite ville d'Hawkins, Indiana, où, vous l'aurez compris, d'étranges phénomènes se produisent. 

A douze ans, Mike, Will, Lucas et Dustin passent l'essentiel de leurs soirées à jouer à Donjons & Dragons, dans le sous-sol des parents de Mike. La vie paisible de nos jeunes héros est bouleversée lorsqu'une nuit, Will disparaît, sur le chemin du retour. La petite communauté d'Hawkins est secouée par l'événement ; des battues sont organisées, mais les recherches ne donnent rien. Les amis de Will décident de mener leur propre enquête, et découvrent les agissements suspects du très secret Département de l'Energie d'Hawkins. La mère de Will, quant à elle, mène un combat acharné contre les autorités, pressées de classer l'affaire.

Je n'en dévoilerai pas davantage sur l'intrigue, car le mystère fait partie du charme de Stranger Things. Le court format de la série (seulement 8 épisodes pour la saison 1), permet à ses créateurs de maintenir une tension et un rythme constants, sans aucun épisode de remplissage. C'est cette vivacité qui séduit de prime abord : chaque "chapitre" de Stranger Things apporte son lot de rebondissements, d'humour, d'émotion et de frissons. Les Duffer Brothers ont une forme de modestie d'artisans : sans prétendre réinventer le genre fantastique, ils essayent de délivrer un divertissement haut de gamme, soigné d'un bout à l'autre, avec une intrigue limpide et des personnages attachants.

On peut regretter que les scénaristes préfèrent l'efficacité, au détriment de l'originalité. Mais la simple qualité d'un excellent divertissement grand public, rigoureusement mené de bout en bout, devient si rare qu'on l'apprécie d'autant plus. Par ailleurs, la série donne à son intrigue une dimension poétique. On accède aux dimensions parallèles grâce à une piscine, on parle aux êtres disparus à travers des ampoules et des talkie-walkies. Le fantastique, dans Stranger Things, vient du dérèglement de lieux familiers et d'objets du quotidien. En cela, les Duffer font plus que rendre hommage au cinéma des années 80 : ils en retrouvent l'essence. Plutôt que d'en mettre plein la vue au spectateur, ils construisent, par petites touches, un univers envoûtant, ou chaque objet, même le plus anodin, est susceptible de s'animer et de servir de medium. 

Stranger Things, Saison 1 : petit miracle du petit écran

La série repose aussi sur un jeune casting épatant. On sait à quel point les enfants acteurs peuvent être horripilants, surtout dans les films américains. Ici, ce n'est jamais le cas. La réussite des scènes d'aventures avec les jeunes héros repose en grande partie sur le talent des acteurs, Finn Wolfhard, Caleb McLaughlin, Gaten Matarazzo, Noah Schnapp, tous très convaincants. Mais la véritable révélation de la série est Millie Bobby Brown, qui interprète le désormais célèbre personnage d'Eleven, jeune fille victime d'un savant fou, privée de son enfance, mais douée d'étonnants pouvoirs psychiques. Son personnage n'ayant que très peu de répliques sur l'ensemble de la saison, l'actrice doit faire passer toutes les émotions par le regard et la gestuelle. Sa composition est prodigieuse. La pertinence, dans le choix des acteurs, participe à l'attachement que l'on ressent pour la série. 

Stranger Things, Saison 1 : petit miracle du petit écran

Toute la difficulté est d'ailleurs de faire exister des personnages qui se réduisent, au départ, à des stéréotypes. L'ambition des Duffer étant de retrouver l'émotion d'une certaine culture, cela passe également par des figures familières : la première de classe, le sportif un peu bêta du lycée, le shérif bougon, tout y passe... Là encore, il faut accepter cette forme d'écriture ludique, qui flirte volontairement avec le cliché. Etonnamment, la série ne tombe pas dans le second degré et le pur jeu cinéphile, comme certains films de Tarantino ou De Palma. Au contraire, les Duffer croient profondément en leurs personnages, et les dessinent avec une sincérité et une humanité qui les sauvent de la parodie. C'est la grande réussite de Stranger Things : nous proposer un divertissement tiré par les cheveux, avec des personnages iconiques, mais sans aucune dérision, avec, au contraire, une croyance absolue dans l'histoire qui est racontée.

C'est aussi le fantastique qui donne aux personnages leur épaisseur : confrontés à un phénomène qui les dépasse, ils révèlent leur nature profonde. La série joue à plusieurs reprises sur la frustration de voir un personnage, proche de la vérité, se heurter à l'incrédulité générale. C'est notamment le cas de Joyce Byers, la mère de Will, interprétée par la (trop) rare Winona Ryder. Procédé classique, mais toujours efficace, qui a fait les grandes heures d'X-Files. Le fantastique révèle aussi les blessures des protagonistes, et la série trouve dans cette exploration des douleurs une vraie noirceur au milieu de son intrigue assez légère. Cette guérison progressive des personnages n'est jamais soulignée, ce qui fait toute sa force. A l'exception d'une scène (peut-être la seule séquence franchement ratée de la série), montage parallèle d'une grande lourdeur sur la mort d'un enfant et la "renaissance" d'un autre. 

Stranger Things, Saison 1 : petit miracle du petit écran

Pour conclure, Stranger Things va bien au-delà de l'hommage un peu anecdotique aux années 80 que son sujet laissait présager. La profonde tendresse de l'écriture, le soin apporté à chaque détail (jusqu'au magnifique générique, au thème entêtant), et le talent des acteurs font de Stranger Things une série aussi trépidante qu'émouvante, d'une grande justesse, et dans laquelle on plonge avec autant de plaisir que de mélancolie. 

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W
Article une fois encore très intéressant, et qui accomplit l'exploit de parler pendant toute une page d'une série sans presque rien dévoiler, et ça c'est fort.<br /> <br /> J'ai jusqu'à présent réussit à me tenir plus ou moins éloigné des séries, comme certains activistes du Nutella, mais, mine de rien, si tu continues à nous harceler à coup d'articles là-dessus, je pourrais bien m'y mettre...
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H
Très bonne "critique" sur la première saison qui met bien le doigt sur "pourquoi ça marche aussi bien" au delà du simple postulat du rétro trip dans les années 80. Il est clair que la série prend grand soin à nous replonger dans un univers "fantasmé" et multi référencé afin de mettre le spectateur dans un cocon molletonneux qu'il ne voudra plus quitter. Mais là où c'est cool c'est que l'on sent la sincérité de la démarche. Les Duffer Brothers, des trentenaires ayant grandis dans ces références, aiment cette ambiance et veulent juste la partager. C'est ce qui fait la différence entre un produit cynique accumulant les clichés et une oeuvre personnelle voulant ramener des émotions quitte à user de figures imposées.<br /> <br /> Par contre comme toi je suis moins fan de la saison 2 qui perd l'effet de surprise. Sinon ton article me donne envie de partager un de mes coups de coeur de l'année au niveau série qui est la découverte de The Leftovers dont la saison 3 s'est achevée en 2017... Faudrait que j'en cause de celle là.
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Y
Tout à fait d'accord. En ce qui concerne la saison 2, non seulement, effectivement, on perd un peu l'effet de surprise, et je trouve aussi qu'ils essaient de broder sur les restes de mystère de la saison 1. Or, c'est dommage, parce que les énigmes non résolues de la saison 1 étaient très belles, et laissaient place à l'imaginaire. Dans la 2, on comble tous les trous qu'il restait dans la saison 1, mais sans apporter beaucoup de neuf. Après, ça reste de très haute tenue grâce aux metteurs en scène et aux acteurs. Et les épisodes finaux sont assez bluffants. Mais je spoile mon prochain article, là. <br /> <br /> J'aimerais découvrir depuis longtemps The Leftovers, j'en ai entendu beaucoup de bien et le sujet m'intéresse.

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