Stranger Things 2 - La critique

Sortie le 15 Juillet 2016 sur Netflix, la première saison de Stranger Things est immédiatement devenue le phénomène que l'on connaît. Surprise de l'été, envoûtant hommage aux oeuvres fantastiques des années 80, la série avait conquis autant par son efficacité narrative que par la rigueur de sa mise en scène et le talent des acteurs. Les défis étaient nombreux pour la deuxième saison : le plus délicat étant de garder une forme de candeur et de spontanéité, alors même que la série était désormais attendue au tournant par des millions de spectateurs. Dès lors, il s'agissait de conserver une liberté artistique et de ne pas tomber dans un fan service grossier. 

La question se pose d'autant plus pour Stranger Things, qui touche la corde sensible des spectateurs en ravivant la nostalgie d'une époque et d'une culture. La première saison jouait sur ce fétichisme eighties mais sans opportunisme, avec au contraire une grande sincérité dans la démarche. Seulement, entre temps, la série est devenue un produit phare de Netflix, qui n'a pas lésiné sur l'emballage pour annoncer la suite. En témoigne le (magnifique) poster ci-dessus, dont les pliures donnent une caution vintage assez séduisante, il est vrai, mais montrent aussi à quel point l'hommage peut rapidement tomber dans l'artifice. Par ailleurs, la saison a été révélée le 27 Octobre, alors même que l'intrigue tourne autour d'Halloween. Pas de doute : Stranger Things est devenue une marque. 

Ceci étant dit, les Duffer ont tout de même réussi à conserver l'esprit de la première saison. La série trouve un équilibre entre l'hommage, la citation, et sa propre identité. La mise en scène est toujours aussi rigoureuse. Notons que de nouveaux metteurs en scène sont de la partie (Shawn Levy, notamment) et que les Duffer ne réalisent qu'un tiers des épisodes. Mais l'identité visuelle de la série reste la même ; aucun épisode ne paraît moins accompli que les autres en termes de réalisation. De ce point de vue, donc, les Duffer ont réussi leur pari. Le seul élément de l'intrigue qui paraisse vraiment destiné aux fans est la prolongation de l'enquête sur Barbara. On sait que certains spectateurs (moi y compris) avaient été déçus par le peu de cas fait de la disparition de Barbara dans la première saison. Tout le monde avait l'air de s'en taper le coquillard, pour rester poli. A tel point qu'un hashtag #justiceforbarb avait circulé sur Twitter. Ce qui a visiblement fait réfléchir les créateurs, qui ont ajouté un segment narratif un peu gros sabots pour donner satisfaction aux fans. Encore une fois, c'est la rançon de la gloire : difficile d'écrire une suite sans tenir compte des avis extérieurs. 

Si la mise en scène est irréprochable, donc, ce n'est, malheureusement, pas le cas du scénario. Les frères Duffer ont fait un choix assez étrange : ils ont préféré broder sur les restes de l'intrigue de la première saison. Ils ont choisi de creuser la mythologie installée dans les premiers épisodes : l'Upside Down, le portail, etc. Le problème, c'est que, si la série a de nombreuses qualités, elle ne possède pas une mythologie assez riche pour tenir la distance sur plusieurs saisons. De ce point de vue, on est loin d'un Lost ou d'un X-Files. Pourquoi ne pas inventer une intrigue complètement neuve, avec, au hasard, une rencontre extraterrestre ? Certes, ça aurait fait beaucoup d'événements pour le même petit village... Mais au moins, Stranger Things aurait assumé pour de bon son potentiel de série B jouissive. Au contraire, les Duffer usent jusqu'à la corde le peu de mystère qui demeurait après la disparition d'Eleven. 

Et cela se ressent sur le rythme. Là où la première saison ne jouait jamais la montre, la seconde prend au moins trois épisodes à démarrer. Et quand l'intrigue prend enfin de l'ampleur, on a droit à un épisode de remplissage à moitié raté. Cet épisode à Chicago aurait pu être passionnant, par ailleurs, mais il est tellement expédié que son potentiel dramatique tombe à plat. Heureusement, les deux derniers épisodes, très réussis, relèvent le niveau. Mais deux épisodes sur l'ensemble de la saison, c'est bien peu...

Si la saison échoue en partie à renouveler son intrigue, elle réussit brillamment là où on l'attend le moins : dans l'exploration de ses personnages. Will Byers, plus présent à l'écran que dans la première saison, donne l'occasion de voir l'étendue du talent précoce de Noah Schnapp. Par ailleurs, des tandems de personnages inattendus fonctionnent à merveille. Dans la plupart des cas, ce sont des duos qui n'existaient pas dans la première saison. Que ce soit la relation entre Hopper et Eleven, où l'équipée comique de Dustin et Steve, ou même, le temps d'une seule scène hilarante, la rencontre entre Mrs Wheeler et Billy, l'écriture fait des étincelles en associant des personnages à priori antagonistes. 

Paradoxalement, alors même que son intrigue est assez faible, cette deuxième saison se laisse donc suivre avec un grand plaisir, car l'émotion et l'attachement aux personnages est intact. Mais on voit mal comment la troisième saison tiendra la distance sans un renouvellement complet de l'intrigue et des mystères de la série. 

Comments

[Florian 07]

J’ai eu un énorme coup de cœur pour cette série. La saison 1 m’a vraiment impressionnée avec ses personnages très attachants. La saison 2 était remplie de bonnes surprises et j’attends les prochains épisodes avec impatience.