Ils ont un âge qui, même à l'heure du clonage et de l'eugénisme, impressionne. Ils devraient être morts depuis une vingtaine d'années, et pourtant, non seulement ils vivent encore, mais en plus ils continuent à travailler pour le cinéma. Rendons hommage à ces vétérans à travers quatre portraits insolites.
Gisèle Casadesus, 98 ans
La mère du chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus n'a pas décidé de prendre sa retraite. En effet, après avoir joué avec Gérard Depardieu dans la tête en friche (quand même), elle a encore des films à tourner pour 2013 ! Bon, bien sûr, il s'agit surtout de rôles de grand-mère, mais quand on a bientôt un siècle, une telle envie de continuer à exercer sa passion impose le respect. Notons que son frère, comédien lui aussi, va bientôt fêter ses cent ans ! Quelle famille...
Manoel de Oliviera, 103 ans
Je pense que le réalisateur portugais détient une potion magique ou un truc dans le genre, parce que continuer à réaliser des films à un âge ou tout le monde est normalement mort, c'est impressionnant. Depuis ses cent ans, il a réalisé quatre films, devenant le réalisateur le plus âgé de tous les temps. Son dernier, Gebo et l'ombre, est sorti il y a deux semaines. Certes, c'est un huis-clos et la caméra bouge très peu, mais quand je vois l'état de mon grand-père à 89 ans, je me demande comment Oliviera a fait pour mener un projet aussi technique et délicat que la réalisation d'un film, à une époque ou Alzheimer est le fléau de nos aieuls. Finissons par cette phrase signée Oliviera : « Cesser de travailler, c'est mourir. Si on m'enlève le cinéma, je meurs ».
Joan Fontaine et Olivia de Havilland, 94 et 96 ans
Ici, on ne va pas parler de grande longévité dans le cinéma. En effet, il y a longtemps que les deux soeurs ne tournent plus de films. Non, ce qui a marqué les cinéphiles, c'est la relation conflictuelle que les deux soeurs ont entretenu pendant environ quatre-vingt ans !! Apparemment, leur mère préférait Olivia, et a refusé que Joan prenne le nom de la famille pour faire carrière. Joan de Havilland a donc choisi le pseudonyme Joan Fontaine. En 1942, les deux soeurs se retrouvent toutes deux en compétition pour l'oscar de la meilleure actrice, et c'est Joan qui l'emporte. Au moment de recevoir son prix, elle ignore sa soeur qui veut la féliciter. Depuis, comme dirait un grand philosophe dont le nom m'échappe : "ça va pô fort". Elles ne se parlent plus depuis 1975, et vu leur longévité, il faut croire qu'elles ont trouvé un autre domaine de compétition.