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La Mafia ou Casa Nostra est un thème qui fut employé à moult reprises dans le 7ème art, Une sombre organisation dont la représentation au cinéma s'est traduite par une mystification de ce milieu avec ses histoires de Famille, son soi disant sens de l'honneur, ses meurtres. Mais dans le lot des réalisateur s'étant attaqués à retranscrire sur grand écran les moeurs de la mafia, deux se sont illustrés au point d'avoir réalisés des chefs d'oeuvres indémodables. Il s'agit bien sur de Francis Ford Coppola et Martin Scorsese. Ce dossier est là pour analyser la retranscription de ce thème si particulier par chacun de ces deux cinéastes.
Les Parrains :
Bien sur commençons par le commencement et remettons les choses dans leurs contextes en vous présentant les deux bonshommes. Ne vous inquiétez pas je ferai court car je me doute que vous devez déjà connaître un tant soi peu leur pedigree respectif. Toutefois si tels n'est pas le cas, je vous suggère au choix de tenter de combler votre erreur et d'user des informations contenues dans ce dossier dans ce but ou, si vous n'avez pas l'intention de corriger cette tare, investir dans l'achat d'une corde et d'un tabouret.
Francis Ford Coppola est un réalisateur américain, fondateur de la société de production American Zoetrope. Société qui failli couler en 1971 après l'échec de THX1138, film réalisé par son pote Georges Lucas. C'est afin d'éponger les dettes de la compagnie que Coppola accepta, bon gré mal gré, de réaliser un projet de la Paramount qu'il a longtemps refusé : Le Parrain (The Godfather en Vo), adaptation du Best seller de Mario Puzo. Sans le savoir, Coppola allait ainsi contribuer à la naissance de l'une des plus grandes et influentes saga exploitant le thème de la Mafia. C'est sur cette dernière que nous allons nous pencher, tout en nous méfiant du nain derrière nous tenant un balais...
Martin Scorsese est lui aussi un réalisateur américain. Bon pote à Coppola, Marty a vite fait ses preuves avec des films tels que son excellent Mean Street qui exploitait déjà sporadiquement le gangstérisme dans les quartiers italo-américains. Mais c'est avec son Taxi Driver qu'il s'est imposé comme étant un de ces réalisateurs qui comptent. Après une carrière déjà remplie de nombreux chefs d'œuvre dont le génial Raging Bull (dont là aussi il fait mention de la Mafia de manière succinte) il réalise en 1990 SON film de Mafia : Les Affranchis (The Goodfellas en VO) qui tout comme le Parrain est lui aussi tiré d'un livre : Wiseguy de Nicholas Pillegi tiré des témoignages de Henri Hill ancien affranchi. En 1995 il remet le couvert avec un autre film de Mafieux dans Casino dont le scénario original est encore une fois signé Pillegi. Ce sont ces deux films qui vont nous intéresser chez Scorsese.
Voilà vous l'aurez donc compris, pour évoquer la vision différée de ces deux réalisateurs sur ce sujet qu'est la Mafia je vais donc m'appuyer sur la Trilogie du Parrain pour Coppola et les Affranchis et Casino pour Martin Scorsese.
A quoi ça ressemble ?
Je vais m'attarder succinctement sur l'aspect technique des films et les différences entre le style des deux hommes. Bien sur je ne vais pas m'attarder sur le sujet étant donné que le principal ici n'est pas tant de juger la réalisation de ces deux maitres.
En terme de mise en scène, ce n'est pas un scoop que Coppola et Scorsese sont assez éloignés voir carrément opposés. D'un côté on a un Francis qui prend son temps et c'est peu de le dire. Il signe des films au rythme lents avec des scènes pouvant s'étirer sur près de 20minutes et des fois avec peu de dialogues.Coppola privilégie le jeu physique de ses acteurs, leurs poses mais surtout l'expression de leur visage. Ainsi il n'est pas rare de le voir privilégier les gros plans sur ces derniers D'ailleurs rappelons que le premier début sur une scène avec ce type de plan.
De l'autre côté on a Marty qui lui signe des œuvres au rythme incisifs et percutant. Les mouvements de caméras se font plus étudiés que chez son collègue et ami vignoble. Ces dernières sont d'ailleurs plus "mobiles". L'autre point de différenciation est aussi dans sa façon de filmer ses acteurs. Casino et les Affranchis sont des films privilégiant le dialogue voir carrément la punchline dans ce cas de figure. Il a aussi une tendance à davantage privilégier les plans d'ensembles.
Mais voilà encore une fois l'essentiel n'est pas tant dans ces différenciations techniques que dans leurs manières de traiter leur thème et c'est maintenant ce que je vais étudier.
De quoi que ça cause ?
Chez Coppola :
Il se sert avant tout de la toile de fond de la Mafia pour décrire les affres d'une famille évoluant dans ce système. Ce sont avant tout les joies et les peines de personnages faisant partie intégrante de l'élite mafieuse, de chefs de famille.
En ce sens la trilogie du Parrain peut se voir comme une tragédie, et par là je ne parle pas de l'obscur groupe de R'n'B des années 2000 qui avait de tragique bien plus que leur nom de scène. En effet dans ce genre ce sont souvent les membres d'une élite de la société qui sont au coeur du drame et touchés par ce dernier. Mais le Parrain n'emprunte pas que cet aspect aux tragédies.
Dans ces dernières les personnages sont rarement voir ne sont quasiment jamais maitres de leur destin. Tout semble écrit pour eux à l'avance par une sorte de force qui les dépasse. Cela peut être les Dieux ou le destin. Et bien c'est tout à fait le cas dans la trilogie de Coppola et surtout dans le destin de son protagoniste principal à savoir Michael Corleone. Si cela n'est pas tant évident dans le premier épisode, cet aspect fait partie intégrante de ses suites et se confirme dans le final tragique du dernier opus. D'ailleurs tant que l'on est à parler de celui ci, un exemple illustrant mon propos me vient en tête avec une réplique de cet opus sortie par Corleone :
« Just when I thougt I was out, they pull me back in. » (Juste quand je croyais m'en être sorti, ils m'y replongent.)
Michael n'a manifestement pas choisi sa voie. Elle lui fût imposée et ce bien avant sa naissance, rien que par le chemin emprunté son père, Vito, qui lui même est devenu ce chef mafieux suite à ce qu'il a vécu dans son passé et à plusieurs concours de circonstance voir coups de pouce du "destin". Ici la notion de destinée ne semble pas illogique tout comme l'idée du karma. Il suffit de voir la conclusion pour comprendre de quoi je parle. Les choix qu'effectue Michael sont écrit à l'avance quoi que ce dernier puisse en penser. Il est fait pour décider ainsi et les circonstances ne lui laissent que rarement d'autres options.
Chez Sorsese :
D'avance, on change de « hiérarchie ». Si chez Francis Ford Coppola ce sont les dirigeants de la Mafia qui se voient au devant de la scène, Marty quant à lui nous présente de simples exécutants, des "Soldate" de cette dernière. Un peu comme si un film avait eu comme personnage principal Luca Brasi.
De par ce changement de « classe » on est complètement dans une toute autre optique. Si l'idée de chronique demeure, c'est avant tout celle de la vie d'un ou plusieurs criminels et leurs activités illicites qui sont au coeur du long métrage. La dynamique est elle aussi tout autre. Plus que l'aspect tragique, Scorsese s'attache davantage à décrire les motivations des (anti)héros. Pourquoi mènent ils cette vie, qu'est ce qu'elle a de si attrayante, quel prix sont ils prêt à payer.
Même si à l'instar de la trilogie du Parrain il y a une chute, cette dernière est avant tout dû aux choix conscients et non imposés, à l'inverse de chez Coppola, des protagonistes. C'est à trop en vouloir et à force d'excès que les personnages, qu'il en soit de Henri Hill, Sam Rothstein, Nicky Santoro, finiront par perdre beaucoup voir quasiment tout. Ici il n'est pas tant une question de karma et d'inéluctabilité que de responsabilité individuelle et de libre arbitre.
Ce sont bel et bien des décisions prisent en leur âme et conscience, qui sont surtout le fruit de leur excès et incapacité à réfréner ces derniers qui les conduiront les héros leur perte.
Autre différence et non des moindres et qui cette fois ne se retrouve pas dans les thèmes, c'est le ton général. Qu'il en soit des Affranchis ou de Casino, le ton est plus relâché, l'ambiance moins pesante voir carrément fun par moment. L'humour très noir est lui aussi de mise. En clair on est dans des films plus « récréatifs » que ne le sont ceux de la trilogie du Parrain.
Ce qui est intéressant quand on analyse ces deux styles c'est que l'on peut déceler dans cette opposition apparente une certaine complémentarité au final. Chacun y cherchera ce qui l'intéresse le plus. Pour tout vous dire en ce qui concerne votre humble serviteur, je n'ai aucun préférence particulière. Les deux approches se valent et dans un cas comme dans l'autre les intrigues mettent parfaitement à profit les thématiques.
Des Personnages forts :
Que ce soit chez l'un ou l'autre, il faut reconnaître que les castings ont toujours été de très hauts vols et chacun de ces réalisateur peut s'enorgueillir d'avoir immortalisé sur grand écran des personnages absolument mythiques.
Voici un tableau faisant un rapide récapitulatif sur ces derniers :
| Famille Coppola | Famille Scorsese | ||||
| Personnages | Acteur | Film(s) | Personnages | Acteurs | Film(s) |
| Vito Corléone | Marlon Brando/Robert DeNiro | Le Parrain I et II | Jimmy Conway | Robert de Niro | Les Affranchis |
| Michael Corleone | Al Pacino | Le Parrain I, II et III | Henry Hill | Ray Liotta | Les Affranchis |
| Fredo Corleone | John Cazale | Le Parrain I et II | Tommy De Vito | Joe Pesci | Les Affranchis |
| Sonny Corleone | James Caan | Le Parrain I | Paulie Cicero | Paul Sorvino | Les Affranchis |
| Conny Corleone | Talia Shire | Le Parrain I,II, III | Karen Hill | Lauren Bracco | Les Affranchis |
| Tom Hagen | Robert Duval | Le Parrain I et II | Sam Rothstein | Robert de Niro | Casino |
| Vincent Mancini "Corleone" | Andy Garcia | Le Parrain III | Nicky Santoro | Joe Pesci | Casino |
| Kay Adams Corleone | Diane Keaton | Le Parrain I, II, III | Ginger McKenna:Rothstein | Sharon Stone | Casino |
* Bien sur certains liens vous enverront sur des pages en Anglais et j'en suis désolé. Sinon d'autres liens, ceux des films de Scorsese pour tout vous dire, vous enverront en revanche sur les fiches des personnages réels ayant inspirés les rôles cités.
Les Récompenses :
Qu'il en soit de Coppola ou de Scorsese, leurs films sur la Mafia sont aujourd'hui considérés comme étant des chefs d'oeuvre indémmodables du cinéma et chacun à touché un nombre conséquent de récompenses diverses et variées.
Pour Coppola :
Le Parrain I :
- Oscar du Meilleur film
- Oscar du Meilleur acteur pour Marlon Brando
- Oscar du Meilleur scénario adapté
Le Parrain II :
- Oscar du meilleur film
- Oscar du meilleur réalisateur pour F.F Coppola
- Oscar du Meilleur scénario adapté
- Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Robert de Niro
- Oscar de la meilleur musique de film
- Oscar de la meilleur direction artistique.
Le Parrain III :
Bien que nominé à 7 reprises, le film ne remporta aucun Oscar ce qui lui vaut d'ailleurs une certaines méconsidération de par les fans.
Pour Scorsese :
Les Affranchis :
- Oscar du Meilleur second rôle masculin pour Joe Pesci
- BAFTA du Meilleur réalisateur pour Scorsese
- BAFTA du meilleur film
- BAFTA du meilleur scénario adapté
- BAFTA du meilleur montage
- BAFTA des meilleurs costumes
Casino :
- Golden Globe de la meilleur actrice pour Sharon Stone
Si Scorsese est en retard en terme d'Oscar, l'Académie l'ayant proprement snobée pendant près de 40ans avant enfin de reconnaitre sa valeur de réalisateur pour son film les Infiltrés, il s'en tire néenmoins très bien si tant est que l'on considère le nombre de prix comme étant le plus important. L'aspect qui est le plus révélateur quant à l'impact d'un film restant sa traversée dans le temps.
Conclusion :
Soyons honnête il me reste beaucoup à dire sur ces films et je pourrais aisément rallonger mon article à coup de citations de répliques et scènes cultes. Mais ce ne serait inutile. Pour le néophyte, cela gâcherai la découverte des films alors que le connaisseurs lui ne verrais aucun intérêt à ce genre de classement. La meilleur chose à faire étant de voir ou revoir ces films tant ils sont exceptionnels.
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