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The Temple Of Whiskers

The Temple Of Whiskers

THE TEMPLE OF WHISKERS est un blog consacré au 7ème art, fondé le 3 mai 2012. Il est l'œuvre de 6 personnes (William, Vivien, Lelya, Yoyo, Hunter Arrow et mr-edward), qui se sont rencontrés via le site internet Allociné, plus précisément sur le forum du film Inception. L'objectif étant simple : vous faire partager leur amour du cinéma.


Le lecteur du grenier : n°2, cap sur la Russie !

Publié par yoyo114 sur 31 Octobre 2013, 15:48pm

Catégories : #Sur le Papier

 

Bonjour ! Après un temps d'absence assez insoutenable, me voilà de retour, toujours investi de la même mission : guider les brebis égarées que vous êtes dans ce grand terrain miné qu'est la lecture, un terrain miné car, si certains romans exaltants nous insufflent à jamais l'amour de la littérature, d'autres, imbuvables pavés, nous traumatisent à tel point qu'un froid glacial s'installe entre nous et les bouquins, et que l'on se retrouve à abhorrer jusqu'aux toutes petites nouvelles de Maupassant ; je n'évoque pas un "froid glacial" par hasard, mais avec une idée précise en tête, celle de faire une flamboyante transition avec le premier roman dont nous allons parler aujourd'hui, un roman qui sent bon la Russie miséreuse du dix-neuvième siècle, les rues gelées de Saint-Petersbourg, les filles réduites à se prostituer, les bouffons ivrognes et ripailleurs, mais surtout le style emphatique de nos amis les Russes, à savoir les phrases qui durent une vingtaine de lignes, et c'est la raison pour laquelle je suis justement en train d'écrire la phrase qui demeurera sans doute la plus longue jamais rédigée sur le blog, car même mon confrère Vivien, avec ses parenthèses à tout va et ses délires en lettres capitales, ne peut battre le record que je viens d'établir.

 

Pfiou, j'ai bien mérité un café ! Mais je n'en prendrai pas, car mon devoir de chroniqueur littéraire passe avant tout. Avant de disséquer les trois romans du mois, je vais vous expliquer comment je me suis retrouvé avec un livre Russe dans les mains. C'est très simple : pour ceux qui ne sont pas au courant, les six membres du blog se sont unis, il y a quelques années, pour anéantir un internaute dénommé Tupide. Nous lui avons rasé la moustache (ce qui est le pire des crimes au Zouzbékistan), et Mr-Edward l'a expédié dans un goulag sibérien, où il croupit toujours, si mes sources sont fiables.

 

Seulement, il y a quelques jours, j'ai eu le malheur de critiquer un article de Mr-Edward, qui portait sur le film Players : 

 

Toujours est-il que mr-edward l'a très mal pris, et il m'a fait subir la même chose qu'au célèbre Tupide : rasage de moustache et envol pour les geôles Russes. Depuis trois semaines, je mange de la soupe froide avec champignons et cuisses de marmotte : l'enfer, pour quelqu'un qui voue un immense respect à ces petites bêtes ! Quand je travaille trop lentement, ou que j'essaye de m'enfuir en rampant dans la neige, les gardiens me frappent avec un bouquin de mille pages, si bien que mon crâne ressemble de plus en plus à une citrouille.

 


Ce bouquin de mille pages, considéré comme le meilleur roman Russe, j'ai eu l'occasion de le lire, car mon geôlier a eu la bonté d'âme de le glisser sous ma couchette. Aujourd'hui, alors que mes cheveux et mes dents sont tombées, j'ai trouvé une connexion internet en superposant deux bouts de bois, si bien que je peux vous en faire la critique ! Mais je ne garantis pas de pouvoir aller jusqu'au bout de mon article : en effet, les gardiens vont bientôt faire l'appel du soir, et si je ne suis pas rentré à temps, ils remarqueront mon absence. Je serais alors pendu par les c*uilles, comme on a coutume de le faire au Zouzbékistan.

Crime et châtiment, Fedor Dostoievski

 

Raskolnikov, jeune étudiant vivant à Saint-Petersbourg, a développé une théorie particulière : certaines personnes sont nées pour faire de grandes choses, tandis que d'autres resteront à jamais fondues dans la masse. Ces personnes exceptionnelles peuvent agir au-delà de tout scrupule pour atteindre leurs objectifs : voler, mentir, ou même commettre un crime ! Il prend comme exemple Napoléon, qui a tué des milliers de personnes pour conquérir l'Europe : or, qui parle de Napoléon comme d'un criminel ?

 

Raskolnikov lui-même se définit comme un de ces êtres exceptionnels. C'est ainsi que, pour sortir de la misère dans laquelle il vivote, il tue une vieille usurière à coups de hache, et dérobe tous ses objets de valeur.

 

Mais rien ne se passe comme prévu : non seulement Raskolnikov découvre qu'il n'est pas un de ces "grands hommes" comme il le croyait, puisque le remords va le torturer jour et nuit, jusqu'à le rendre physiquement malade. Pour ne rien arranger, les problèmes autour de lui s'accumulent : sa soeur est sur le point d'épouser un odieux personnage, un de ses amis meurt écrasé par une calèche, laissant sa femme et ses enfants dans une misère noire, et un fonctionnaire très manipulateur tente de lui faire avouer son crime. En l'espace de quinze jours, Raskolnikov va remettre de l'ordre dans son petit monde, et découvrir beaucoup de choses sur son Moi profond.

 

C'est une sensation assez étrange d'entamer un monument de la littérature en craignant de ne pas accrocher, puis de se retrouver soudainement embarqué dans le récit dès la première ligne. Dès l'ouverture, le ton est donné : le lecteur se retrouvera de bout en bout dans les pensées tourmentées de Raskolnikov, personnage fantasque, frénétique, torturé, qui tombe même par moments dans la folie. Le foisonnement du style, la longueur des passages peuvent être assez rebutants au début, mais on s'y fait très vite, d'autant que rien n'est laissé au hasard : tout personnage a un intérêt dans le livre, et Dostoievski ne digresse pas quatre pages sur un ivrogne pour le plaisir, mais pour l'utiliser plus tard dans son intrigue.

 

Malgré quelques longueurs typiques des romans feuilletons de l'époque, on est emporté dans un tourbillon d'intrigues parallèles pleines de rebondissements, avec un fond philosophique non négligeable sur l'homme, la culpabilité, la société, etc. Le suspense dépasse parfois celui des romans actuels, notamment dans les scènes époustouflantes où Raskolnikov est interrogé par Porphyre Petrovitch, le juge d'instruction aussi raffiné que dangereux, que j'imagine très bien interprété par Christoph Waltz ! Tout est maîtrisé, tout est dans le détail, dans l'étirement des scènes jusqu'à l'épuisement, dans la psychologie fouillée des personnages. Une pure merveille.

 

Appréciation :

 

9/10

 

 

Au niveau du style, on a là un roman facile à aborder, avec une écriture étonnamment fluide, quand on connaît la réputation des romanciers russes. Deux difficultés à pointer cependant : 1) des monologues de personnages qui peuvent durer jusqu'à sept pages et être assez décousus, 2) Beaucoup de prénoms et noms de famille compliqués à ingurgiter, et la chose se complique encore car certains personnages ont aussi un surnom où un deuxième prénom, et il arrive que Dostoievski nomme un même personnage de trois manières différentes ! Ames sensibles s'abstenir.

 

Côte d'imbuvabilité

 

MOYENNE

 

 

Maintenant que je suis tombé amoureux du style de notre ami Fedor, il est probable que je vous fasse prochainement une analyse de son autre roman célèbre : Les frères Karamazov !

Raskolnikov tue l'usurière, Crime et Châtiment

Raskolnikov tue l'usurière, Crime et Châtiment

Serge Karamazov : aucun lien, je suis fils unique.

Serge Karamazov : aucun lien, je suis fils unique.

Le grand meaulnes, Alain-Fournier

 

Roman mythique, unique ouvrage d'un jeune officier mort en 1914 sur le front de la somme, Le Grand Meaulnes est une étape importante dans mon voyage littéraire car il s'agit du roman favori de mon père. (Séquence émotion)

 

Le Grand-Meaulnes raconte l'histoire de François Seurel, fils d'instituteur dont la vie monotone va être bouleversée à l'arrivée d'un nouvel élève : Augustin Meaulnes, jeune homme assez secret qui va tisser un lien immuable avec le narrateur. L'histoire s'articule autour d'une fête mystérieuse donnée dans un château tout aussi mystérieux, à laquelle Meaulnes participe en clandestin, après s'être perdu dans la campagne. Il va y rencontrer Yvonne de Galais, dont il tombe amoureux.

 

Seulement, une fois rentré chez les Seurel, il n'a aucun moyen de retrouver la trace de ce château. Lui et François Seurel vont partir à l'aventure pour retrouver le domaine, mais ce dernier reste introuvable. Meaulnes a-t-il rêvé ?

 

On est surpris par la maturité de style d'Alain-Fournier, qui signe là son premier et dernier roman, ce qui rend le livre d'autant plus poignant. Cependant, les cent premières pages sont assez longuettes, et le livre ne prend toute sa densité que dans la seconde moitié, où les histoires d'amour et d'amitié sont portées à leur paroxysme. La fin surprend par sa noirceur et sa mélancolie. Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal avec l'ambiance du livre, qui m'a semblé assez amère, loin du roman fantaisiste auquel je m'attendais. On sent des influences du côté de la poésie, notamment le courant romantique, avec cette description du vague-à-l'âme, des rêves déçus, du passage à l'âge adulte.

 

Pas le plus aimable des romans, mais on ne peut que s'incliner devant la poésie de l'écriture, et on se dit que, même s'il n'a rien écrit d'autre, Alain Fournier mérite une place au panthéon des grands auteurs français.

 

Appréciation :

 

7/10

 

Malgré une apparente sobriété, et un découpage en chapitres très courts, le roman n'est pas toujours facile à suivre : Alain-Fournier fait de belles descriptions de la campagne française, avec un côté impressionniste. Sauf que les descriptions de ce genre sont trop prégnantes dans la première moitié, ce qui rend certains passages un peu assommants. Mais dans l'ensemble, on a là un style tout à fait abordable.

 

Côte d'imbuvabilité

 

FAIBLE

Les aventures de Tom Sawyer, Mark Twain

 

C'est en visionnant une interview de Jeff Nichols que je me suis décidé à lire Tom Sawyer, car c'est en s'inspirant de ce livre, entre autres, que Nichols a réalisé Mud, sur les rives du Mississippi, jusqu'ici le plus beau film de l'année (et je ne tolérerai pas de controverses à ce sujet (ou je vous mords)).

 

Tom Sawyer est un garçon âgé d'environ dix ans, élevé par sa tante dans une ville du Missouri appelée Saint-Pétersbourg (aucun lien avec la ville où se déroule l'action de Crime et châtiment, aucun lien non plus avec Serge Karamazov). Tom est ce qu'on appelle un garnement, fanatique de l'école buissonnière, plus intéressé par la nature que par la messe, et amoureux de la charmante Becky. Au cours de ses aventures, il va affronter le sanguinaire Joe l'Indien, vivre en autarcie avec sa bande d'amis, et se mettre en quête d'un fabuleux trésor.

 

Avec cette histoire à hauteur d'enfant, Mark Twain nous livre un des romans les plus drôles et les plus tendres jamais écrits. En suivant les péripéties du jeune homme, et celles de son inséparable ami Huckleberry Finn, on se retrouve plongé en enfance durant trois cent pages qui passent beaucoup trop vite. Mark Twain (écrivain et humoriste) se moque à plusieurs reprises de la superstition des enfants, mais la moquerie n'est jamais méchante. On sent que l'auteur aime l'esprit de Tom, sa liberté, ses envies d'évasion, ses astuces, ses farces. C'est un récit de l'enfance, qui englobe tout ce que l'enfance a de merveilleux et de traumatisant, à travers une écriture moderne et emballante. On rit, on aime et on frémit : en ces temps moroses, ne nous en privons pas !

 

Appréciation :

 

9/10

 

Le roman a bientôt cent-cinquante ans, et pourtant l'auteur semble nous parler en direct. Il établit une vraie complicité avec son lecteur, ce qui est assez sidérant. Simplissime à lire, court et fulgurant : enfin un classique accessible à tous !

 

Côte d'imbuvabilité

 

TRES FAIBLE

 

 

Malgré mes mains engourdies et mes petits doigts sur le point de tomber en miettes dans la neige de Sibérie, malgré la perpétuelle perfidie de Mr-Edward qui mérite d'être jeté dans la mer Zouzbèke avec un boulet aux pieds, j'ai accompli ma mission de guide : ne vous inquiétez pas, je continuerai à trouver des classiques de la littérature abordables par tous, et je continuerai à pointer du doigt les pavés imbuvables ! Car, comme on dit : l'art est aisé, mais la critique est difficile.

 

Oh, bah, je sais pas, débrouillez-vous, faites simple, hein !
Personne ne va vous juger.

Hubert Bonnisseur de la Bate

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M
Excellente critique, mais est-ce réellement étonnant de votre part ? Le concept est super intéressant et bien écrit, j'attends le prochain avec patience.
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